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L’ensemble Les Ombres au Festival de Radio France et aux Nuits Musicales d’Uzès – Duo inattendu et fructueuse résidence

Ambronay joue un rôle déterminant dans l’envol de jeunes formations baroques depuis des années. A partir de 2009, le CCR bourguignon et son festival ont par exemple contribué à braquer les projecteurs sur l’ensemble Les Ombres (co-fondé en 2008 par le flûtiste Sylvain Sartre et la gambiste Margaux Blanchard, photo). Après un concert au 30e Festival (2009), il a signé son premier disque l’année suivante chez Ambronay Editions (« Concert chez la Reine » ; œuvres de Couperin et Colin de Blamont), suivi en 2012 par une très belle version des Nations de Couperin, un compositeur fétiche pour des interprètes très attachés au répertoire français.

Depuis, des disques Telemann (Quatuors Parisiens), Haendel, Marais et Destouches (sous l’intitulé « Sémélé », un CD sorti en 2015, année par ailleurs marquée par l’entrée en résidence des Ombres à la Fondation Singer Polignac) et plus récemment une très belle version des Leçons de Ténèbres de Couperin – tous trois chez Mirare – ont amplement comblé les espoirs que l’on plaçait dans l’ensemble à ses débuts. Et les occasions ont été nombreuses de l’applaudir en concert, avec des répertoires variés, des programmes inattendus, des projets ambitieux aussi, telle la recréation mondiale de la Sémiramis de Destouches en 2018 au Festival d’Ambronay. (1)
En résidence à l’Opéra de Montpellier de 2014 à 2017, Les Ombres ont par ailleurs entamé en 2016 une résidence aux Nuits Musicales d’Uzès. Expérience fructueuse, augmentée de la création d’une Académie de musique ancienne dès 2017. Ce lien privilégié avec le festival provençal permet de bientôt y retrouver les musiciens un douzaine de jours durant.
 

Théotime Langlois de Swarte © Sylvain Sartre

Côté concerts, trois séduisantes propositions attendent les mélomanes, avec d’abord un programme tout de lumière réunissant l’Italie et la France, Vivaldi et Leclair, la flûte et le violon. Parallèlement à des concertos pour flûte du Rosso par Sylvain Sartre, on découvrira sous l’un des plus beaux archets baroque français d’aujourd’hui, celui de Théotime Langlois de Swarte, les Concertos pour violon op. 7 n° 2 et 5 de Jean-Marie Leclair (18/07). En Uzège, on savourera ensuite à deux reprises un programme plus intimiste mêlant Haendel et Telemann (20/07, temple de Fons-Sur-Lussans ; 21/07, temple d’Arpaillargues), avant de revenir à Uzès pour une dernière soirée sous le signe du fandango. Grand spécialiste du répertoire de guitare fin XVIIIe/début XIXe, Romaric Martin fera là équipe avec les musiciens des Ombres pour la reprise d’un tonique programme Boccherini, De Fossa et Aguado déjà présenté à la Folle Journée de Nantes en 2018.
 

Stagiares de la classe de viole © Bernard Glickson

La résidence des Ombres à Uzès comprend donc depuis trois ans une Académie de musique ancienne, qui se déroule cette fois du 21 au 27 juillet. « L’Académie se développe rapidement, se réjouit Margaux Blanchard ; nous avons reçu beaucoup de demandes d’inscription pour cette troisième édition, avec des étudiants venus entre autres du Japon, d’Allemagne ou d’Amérique latine ».
La singularité de l’Académie de musique ancienne d’Uzès ? « Il ne s’agit pas d’une antichambre des concours, il y règne un esprit de découverte, de curiosité, avec beaucoup de musique d’ensemble. Il y a bien sûr une partie individuelle, mais aussi une importante pratique collective – musique de chambre, orchestre. Dans ma classe de viole j’insiste beaucoup sur le rôle de basse d’archet ; je me rends compte que ça correspond à un besoin pour de jeunes musiciens qui ont beaucoup étudié le répertoire soliste au conservatoire et se sentent un peu perdus quand ils se retrouvent propulsés au sein d’un ensemble. Et puis le musicien est aussi un sportif qui doit prendre soin de son corps : chaque journée à l'Académie commence par un échauffement collectif mené par un ancien gymnaste ! »

Echauffement collectif pour bien commencer la journée ... © Félicie Bernard

L’Académie d’Uzès comprend cinq classes cette année, pour une trentaine de stagiaires : viole de gambe (Margaux Blanchard), traverso (Sylvain Sartre), violon (Benjamin Chénier) , clavecin (Brice Sailly). Quant à Nicolas Achten (pour la première fois à Uzès), cet artiste très polyvalent, tout à la fois baryton, claveciniste, luthiste, harpiste et directeur d’ensemble, aura la charge des cordes pincées (luth, archiluth, guitare, harpe baroque). Entièrement instrumentale depuis son lancement, l’Académie s'apprête à franchir un cap très important en 2020 puisque le chant va y faire son entrée avec deux classes, respectivement confiées à Marc Mauillon et Emmanuelle de Negri. On n’oublie pas enfin que l’Académie fait partie intégrante des Nuits Musicales d’Uzès et que le public a la possibilité d’assister gratuitement à des classes, comme de savourer un « Happy hour baroque » ou le concert de fin de stage.
 

Thierry Gomar © DR

Avant Uzès, Margaux Blanchard est à l’affiche du Festival de Radio France Montpellier Occitanie, ce pour un duo assez inattendu puisque sa viole dialogue avec le vibraphone de Thierry Gomar dans des pages de Marin Marais (quatre concerts en région les 10, 11, 12 et 13/07, respectivement à Lattes, Saussan, Perpignan et Aniane).  « Thierry et moi avons eu l’occasion de nous rencontrer sur un projet commun à Perpignan et j’ai été séduite par son jeu, son ouverture sur tous les types de percussions, explique-t-elle. En 2015 à l’Opéra de Montpellier, il participait au projet « Baroque Fantastique ». Au cours de ce spectacle nous avions un duo improvisé viole et vibraphone qui nous a fait prendre conscience de la complémentarité de nos timbres. J’avais très envie de reprendre des pièces de Marin Marais et de les colorer un peu différemment. Ce n’est pas la première fois que la viole s’associe à la percussion, on l’a vu avec Jordi Savall et Pedro Estevan par exemple. Mais les choses sont différentes avec le vibraphone qui suppose un travail plus axé sur la recherche de couleurs, de surprises sonores. D’ailleurs ce « Cabinet de curiosités - Marin Marais » ne fera pas seulement appel au vibraphone, mais aussi au tambour, au tambourin, au zarb et au gatham ! Nous allons je crois beaucoup nous amuser lors de ce spectacle monté en coproduction avec la ville de Narbonne, qui nous a accueilli en résidence et où nous le reprendrons à l’automne 2020. »

Alain Cochard
(Entretien avec Margaux Blanchard réalisé le 28 juin 2019) 

(1) Reportage réalisé par 3foisC à l’occasion de la recréation de Sémiramis : www.concertclassic.com/video/re-creation-mondiale-de-semiramis-1718-de-destouches-par-les-ombres

 
Margaud Blanchard & Thierry Gomar
10 (Lattes), 11 (Saussan), 12 (Perpignan), et 13 juillet (Aniane)
lefestival.eu/lattes/theatre-jacques-coeur/recital-musique-de-chambre/les-ombres
lefestival.eu/saussan/eglise-saint-jean-baptiste/recital-musique-de-chambre/les-ombres
lefestival.eu/perpignan/jardins-de-leveche/recital-musique-de-chambre/les-ombres
lefestival.eu/aniane/abbatiale-saint-sauveur/recital-musique-de-chambre/les-ombres
 
Les Ombres en résidence aux Nuits Musicales d’Uzès
Concerts les 18, 20, 21 et 22 juillet 2019
nuitsmusicalesuzes.org/fr/

3ème Académie de musique ancienne
Du 21 au 27 juillet 2019
academie.lesombres.fr/

Photo © Julien Condemine

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