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Le Requiem de Verdi par l’Orchestre national d’Île-de-France et Enrique Mazzola – Générosité et cohésion – Compte-rendu

Le temps radieux de ce dimanche après-midi de Pentecôte n’a pas découragé le public venu nombreux à la Philharmonie écouter l’un des sommets de la musique sacrée, le Requiem de Verdi, que proposait l’Orchestre national d’Île-de-France sous la conduite son directeur musical Enrique Mazzola (photo).
En compagnie du très bon chœur de l’Orchestre de Paris (préparé par Lionel Sow), c’est à un Requiem de Verdi plus qu’honorable auquel nous avons assisté - un beau travail d’équipe !
 D’origine italienne, spécialiste du bel canto et des répertoires classique et romantique, récemment nommé chef principal invité de la Deutsche Oper Berlin, Enrique Mazzola est décidément un chef à suivre, généreux de surcroît : il insuffle à son orchestre une énergie nouvelle qui réveille toutes les qualités des pupitres. L’Orchestre national d’Île-de-France est en forme et cela s’entend.
 
En 1873, Verdi, très affecté par la disparition de l’écrivain Alessandro Manzoni, propose de faire jouer un Requiem en sa mémoire à Milan l’année suivante. Le compositeur se met au travail, reprend le sublime Libera Me, écrit à la mort de son confrère Rossini et compose un sommet de l’art sacré, aussi beau, efficace et dramatique que ses opéras.
Enrique Mazzzola et ses musiciens © Eric Laforgue

Les trompettes du jugement dernier juchées dans les hauteurs de la grande salle Pierre Boulez, les exclamations révoltées d’un chœur massif d’une justesse et d’une précision sans fautes, les airs solistes en forme de prière galvanisent l’orchestre conduit par la main experte de Mazzola, visiblement très ému de diriger ce sommet de musique. Les solistes que l’on découvrait n’ont pas démérité ; ce sont les hommes, en particulier le ténor russe Alexey Tatarintsev qui semblaient le plus à l’aise avec cette partition périlleuse (Nikolay Didenko tenait la partie de basse). La soprano Karine Babajanyan et la mezzo Sanja Radisic ont révélé de beaux moments qui ont heureusement compensé quelques lacunes techniques ou regrettables attaques par en dessous.
 
A noter qu’en ouverture de ce concert, Enrique Mazzola avait choisi de présenter Mémoriale de Pierre Boulez, belle pièce brève pour 6 cordes, 2 cors et flûte soliste, composée en 1985 à la mémoire de la flûte solo de l’Intercontemporain Lawrence Beauregard, magnifiquement interprétée ici par Hélène Giraud. Quelques minutes d’intimité et de raffinement, qui mettaient en condition d’écoute et de concentration, avant la déferlante verdienne.
 
Pour les parents qui aiment la musique et ne savent que faire de leur joyeuse et jeune progéniture pendant le concert, un atelier de récréation musicale était proposé par la Philharmonie. Testé et approuvé !
 
Il vous reste encore trois occasions d’écouter Mazzola et ses troupes dans ce même programme. Dernière date de la tournée, la soirée du 27 mai marque l’ouverture du Versailles Festival 2018.
 
Gaëlle Le Dantec

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Philharmonie de Paris, salle Pierre Boulez, 20 mai ; prochaines dates le 24  (Seine-Musicale), 25 (Ablon-sur-scène) et 27 mai 2018 (Versailles Festival) // www.orchestre-ile.com/saison.php?id=572&saison=26&lang=fr#ticketfin

Photo © Eric Laforgue

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