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Le Quatuor Takács et Aleksandar Madžar à l’Auditorium du Louvre - Fusion et engagement – Compte-rendu

Depuis sa fondation en 1975 à Budapest,  le Quatuor Takács a sans cesse remis sur le métier un répertoire très vaste. Régulièrement invité à Paris, chacune de ses apparitions témoigne du degré de perfection auquel il est parvenu. A l’Auditorium du Louvre, une prestation d’une parfaite cohésion et d’un équilibre souverain résulte d’une intimité longuement entretenue.
 
Les Quatuors de Haydn constituent la carte de visite de cette formation d’origine magyare qui, au fil des années, s’est modifiée en accueillant un premier violon d’origine anglaise, Edward Dusinberre, et un altiste américaine, Geraldine Walther. L’expérience et la tradition transparaissent dans leur exécution du Quatuor en si bémol majeur Hob.III.67, d’un éclat et d’une âpreté implacables (syncopes accentuées du Menuet, rythmes de cavalerie véloces du final). Dans le Quatuor de Debussy, plus que le raffinement impressionniste, les quatre musiciens préfèrent privilégier la tension, l’audace dans les effets sonores - qui rappellent parfois Bartók - sans jamais perdre de vue la poésie (Andantino), la fantaisie et la liberté de ton.
 
En compagnie du Serbe Aleksandar Madžar dans le Quintette avec piano de Franck, leur interprétation faite d’une écoute mutuelle, d’un élan passionné, emporte tout par son engagement. La souplesse et la fluidité que chacun entretient sans jamais chercher à se distinguer aboutit à une remarquable cohésion d’ensemble. Virtuose d’une élégance subtile, le pianiste creuse la pâte sonore et entraîne ses complices sur les plus hautes cimes dans un Allegro non troppo ma con fuoco conclusif flamboyant d'enthousiasme. Un pur bonheur musical.
 
Michel Le Naour
 
Paris- Auditorium du Louvre, 19 novembre 2014

Photo © Marx Allen

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