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Le Quatuor Prazák au Théâtre de Cornouaille – Chocolat et Mitteleuropa – Compte-rendu

Pour tromper la morosité des dimanches venteux, le Théâtre de Cornouaille à Quimper a inauguré depuis plusieurs saisons une série intitulée « Concerts au chocolat » où le public vient nombreux vivre un moment convivial autour de la musique, précédé d’une dégustation. Le Quatuor Prazák clôturait cette série dans un programme Mozart, Janáček et Brahms : des compositeurs qu’il défend partout dans le monde depuis quarante ans, avec émotion et sincérité.
 
Le Quatuor n° 20 KV. 499 « Hoffmeister »  de Mozart (1786) constitue plus qu’une mise en bouche. En effet, il demande homogénéité, équilibre, fluidité et clarté. Si les Prazák possèdent au plus haut point une musicalité constante et le sens de l’architecture, leur interprétation paraît un rien appuyée et souffre quelque peu des approximations du Premier violon Pavel Hula, parfois en délicatesse d’un coma avec la justesse.

Avec les « Lettres intimes » de Janáček, les quatre archets jouent dans leur arbre généalogique, imposant une lecture physique d’une résonance humaine et d’un jaillissement rythmique de tous les instants. La verdeur, le lyrisme, la vigueur expressive de leur jeu rendent à cette musique fraternelle et généreuse toute la passion exprimée par Janáček pour la jeune Kamila. Le Troisième Quatuor de Brahms bénéficie d’une exécution de caractère symphonique avec une gradation de couleurs, un souffle puissant, un engagement juvénile (Allegro final) dans le plus pur esprit chambriste. En bis, deux Valses op. 54 de Dvorak achèvent dans la bonne humeur ce voyage à connotation Mitteleuropa.
 
Michel Le Naour
 
Quimper, Théâtre de Cornouaille, 29 mars 2015

Photo © Guy Vivien

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