Journal

Le Projet près de votre oreille au théâtre du musée Grévin – Intimisme élisabéthain – Compte-rendu

Un brin surréaliste aves ses personnages de cire – les Vamps vous narguent à jardin –, le charmant petit théâtre du musée Grévin (un peu plus de 200 sièges) constitue un lieu parfait pour des concerts intimistes, secrets. Autant dire qu’il était adapté à celui du Projet près de votre oreille. Sous cette appellation, le collectif mené par Robin Pharo (photo) rassemble de formidables musiciens, le gambiste susnommé d’abord, parmi les meilleurs de la jeune génération (1), mais aussi la mezzo Anaïs Bertrand, la basse Nicolas Booymans et le luthiste Thibault Roussel.
Avec leur programme « Come Sorrow », les interprètes entendent d’abord rendre hommage au luthiste et compositeur anglais Robert Jones (1577-1617), créateur méconnu pour lequel nos musiciens se sont pris de passion, en le rapprochant de  contemporains plus célèbres tels que Tobias Hume, John Dowland ou Alfonso Ferrabosco.
En résulte un beau panorama de la musique élisabéthaine, servi avec un soin amoureux. Ce grâce à la justesse de sentiment des deux chanteurs, qui ouvrent la soirée avec le Come sorrow de Jones et la poursuivent soit en duo (on n’est pas moins touché par le O How my thoughts ou le Did ever man thus love as I, tous deux de Jones, comme par l’illustre Flow my tears  de Dowland placé en conclusion) ou individuellement ; la riche basse de N. Booymans faisant par exemple merveille dans The Souldiers Song de Hume, la finesse de timbre et l’émotion vécue d’A. Constant s’illustrant pour leur part dans un prégnant What greater grief, signé Hume lui aussi.
Entre ces épisodes vocaux, le jeu de Robin Pharo montre vocalité (A Humorous Pavin de Hume), tendresse et spiritualité (Frog Gaillard de Dowland), un lyrisme porté par une belle fermeté de ligne (Galliard II y Corranto IV de Ferrabosco), avant que l’énigmatique mélancolie d’une Pavin de l’inspiré soldat-musicien ne prélude idéalement au Flow my tears conclusif.

Voilà qui augure du meilleur pour l’enregistrement (programme peu ou prou identique à celui du concert) que le Projet près de votre oreille s’apprête à enregistrer au printemps prochain dans le cadre idéal du théâtre élisabéthain du château d'Hardelot.
Quant au théâtre Grévin, grâce aux Concerts Parisiens de Philippe Maillard,  il se prépare à un autre magnifique moment d’intimisme musical, ce 5 février, avec Thomas Dunford à l’archiluth dans un récital tout Bach.(2)
 
Alain Cochard

logo signature article
Partager par emailImprimer

Derniers articles