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Le Printemps du violon à Paris – Sans façons, mais de bonnes manières – Compte-rendu

Quatre années que la formule existe, initiée par les violonistes Anton Martynov et Michaël Guttman, et elle prend peu à peu sa vitesse de croisière. Irradiant autour de sa figure tutélaire Ivry Gitlis, qui, généralement présent, donne son nom à un prix décerné chaque session à un jeune violoniste, elle se veut plurielle, drôle, et infiniment non conformiste, ce qui ne signifie pas manque de rigueur.

A preuve, les noms fameux qu’elle aligne sur l’affiche, de Sarah Nemtanu à Gilles Apap, de Claire Désert à Manfred Stilz, sans parler de jeunes talents dont on cherche ici à faire émerger l’originalité. Bref, une session qui a de l’âme, du corps et se répand partout où elle peut, notamment dans l’Auditorium du Centre Russe, grâce au soutien de l’ambassade de Russie. Il y a même un atelier de lutherie avec Stephan Lefebvre et Alexandre Mallet.

Les programmes, intrigants, spéciaux, séduisants, avec une forte couleur roumaine cette année, puisque Enesco y est beaucoup à l’honneur dans le cadre de la saison France- Roumanie, sortent aussi des rails avec du bandonéon, ou un hommage à la Follia, née au Portugal au XVI, et revigorée par Anton Martynov. Waxman côtoie Dohnanyi, l’azerbaidjanais Garayev ne dépare pas entre Ravel et Bartok, Vieuxtemps et Lekeu sont honorés autant que Vivaldi et Rachmaninov, et l’on a eu droit à quelques moments historiques, comme cette pièce d’Ysaÿe, Sonate posthume Op.27 , exhumée et jouée par Philippe Graffin (photo ci-dessous), ou la présentation tordante de la Sonate pour violoncelle seul de Ligeti par l’inénarrable - et si prenant- violoncelliste Manfred Stilz.
 

Philippe Graffin

Enfin, quand beauté et sérieux se rejoignent au sommet, Brahms est célébré en majesté, avec le sublime Sextuor n°1 Op.18, où les archets de Lyda Chen Argerich et Elia Cohen-Weissert, entre autres, ont rejoint Philippe Graffin en chef de file, et la soirée Brahms-Mania, que Anton Martinov assure avec l’excellent Vassilis Varvaresos au piano.

Fraîcheur, inspiration colorée, joie de jouer et de partager, tel est ce festin annuel qui contraste avec le conformisme des grandes salles, et des stars statufiées. La musique y vit plus librement.

Jacqueline Thuilleux

Printemps du violon, le 22 mars 2019. Jusqu’au 31 mars 2019. www.leprintempsduviolon.com

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