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Le Festival d’Auvers-sur-Oise fête ses 40 ans – La jeune génération à l'honneur

Depuis 1981, le Festival d’Auvers-sur-Oise donne le coup de d’envoi de la période festivalière en région parisienne. Comme tant d’autres manifestations confrontées à la survenance de la crise sanitaire, il avait été contraint d’opter pour une annulation pure et simple l’an dernier. Le voilà de retour à compter du 27 mai (1) avec une édition des 40 ans qui reprend l’essentiel de celle initialement prévue l’an dernier. L’attention dont elle témoignait envers les jeunes musiciens –  une constante dans la politique artistique de Festival d’Auvers – apparaît encore plus nécessaire aujourd’hui aux yeux de Pascal Escande compte tenu des difficultés auxquelles ils ont été confrontés ces derniers mois.
 
Esprit de famille

 
Dès la soirée inaugurale, le ton est donné avec un beau programme Bach (le Magnificat entre autres) confié à Valentin Tournet (photo) et sa Chapelle Harmonique. Le chef et son ensemble (fondé en 2017) sont connus au festival ; on se souvient que, dès 2018, Auvers leur avait fait confiance – pour Bach déjà, et rien moins que la Saint Jean ! D’évidence, ils trouvent leur place parmi les fidélités que la manifestation valdoisienne aime à cultiver avec un « esprit de famille » revendiqué.
 
Anastasia Kobekina © Julia Altukhova

Jeunes talents russes
 
Quant à la violoncelliste Anastasia Kobekina, membre de la famille auveroise depuis 2015, elle sera cette fois «jeune talent en résidence », ce qui nous vaudra de goûter à la prégnante musicalité de son archet dans des contextes variés, au côté de la guitare de Thibaut Garcia, du piano du Géorgien Luka Okros (1er Prix et Prix du Public du Concours Piano Campus 2015), pour la Sonate de Rachmaninov entre autres, ou encore de l’Orchestre de la Nouvelle Europe de Nicolas Krauze dans Tchaïkovski et Saint-Saëns.
Talent et jeunesse rimeront encore avec Russie lors de la venue de la flûtiste Ekaterina Kornishina, musicienne étonnante dont la formation s’est partagée entre Moscou et Madrid. Deux soirées sont prévues, l’une en récital auprès du clavier de Rustan Khanmurzin, l’autre avec Nicolas Krauze et la Nouvelle Europe, acteurs importants de l’édition 2021 on l’aura compris. Les vents sont d’ailleurs une affaire féminine cette année puisque, outre Kornishina, la trompette de Lucienne Renaudin-Vary est également au rendez-vous pour un duo – à coup sûr pétillant ! – avec l’accordéon de Félicien Brut.
 

Patricia Petibon © Bernard Martinez

Liens privilégiés

La confiance qu’Auvers-sur-Oise a manifestée envers nombre d’artistes à leurs débuts lui a permis de tisser des liens privilégiés. Ainsi le festival, qui avait offert son premier enregistrement live en 1999 à Denis Matsuev, retrouve-t-il cette année le pianiste russe pour un généreux récital de Haydn à Prokofiev. On relève par ailleurs la présence de Claire-Marie Le Guay, dont Auvers avait permis l’enregistrement du tout premier disque (les 12 Etudes d’exécution transcendante de Liszt), lors d’un concert-lecture avec Agnès Jaoui, autour des fameux Malheurs de Sophie de la Comtesse de Ségur, au Château de Méry-sur-Oise. Une belle complicité unit aussi Patricia Petibon au Festival d’Auvers et tous les fans de la soprano française seront curieux du programme Haendel, Purcell, Charpentier, Rameau et Merula qu’elle a concocté avec la complicité du Cetra Barockochester Basel.
Si la relation avec Ana Kipiani n’est pas aussi ancienne, on sent qu’elle s’approfondit depuis le 2Prix de l’ancienne élève d’Elisso Virsaladze en 2017 au Concours Piano Campus (compétition lancée par Pascal Escande en 2002). Déjà invitée au festival en 2018, l’artiste géorgienne est de retour dans un programme Beethoven, Schumann et Escaich.
 

Thierry Escaich © Guy Vivien
 
Thierry Escaich, compositeur de l’édition des 40 ans
 
Le nom de ce dernier apparaît régulièrement dans les programmes car, après Jules Matton en 2019, il a été choisi comme compositeur de l’édition 2021. Sa présence sera marquée par deux créations : l’une pour trompette et accordéon, par L. Renaudin-Vary et Félicien Brut, l’autre (une Follia pour violoncelle) par T. Garcia et A. Kobekina. On se réjouit en outre de la reprise de diverses pièces, telle la très cinématographique Short Stories pour violon et piano par ses créateurs, Gabriel et Dania Tchalik, au cours d’un concert auquel tous les membres de la talentueuse fratrie Tchalik prendront part (l’irrésistible Quintette de Reynaldo Hahn est par ailleurs programmé !). Immense organiste, Escaich sera aussi présent sous son visage d’improvisateur (à l’orgue et au piano), inspiré par des poèmes de Hugo, Baudelaire ou Verlaine dits par Julie Depardieu.
 
Enfin les amoureux de musique vocale n’oublieront pas, côté choral, la venue du Chœur du Patriarcat russe de Moscou ni, pour la partie mélodie et opéra, un récital d’Elīna Garanča accompagnée par Malcom Martineau ou une anthologie d’airs mozartiens par Olga Pudova et Armando Noguera, en compagnie de Laurence Equilbey à la tête son Insula Orchestra.
 
Quant à ceux qui n’auraient pas la possibilité de se rendre à Auvers-sur-Oise, on leur signale qu’un partenariat entre le Festival, Concertclassic et l’agence 3foisC leur permettra de suivre en streaming pas moins de dix concerts de l’édition des 40 ans.
 
Alain Cochard

 

(1)  S’agissant du festival « In » en tout cas, car un « Off », intitulé « Festival de la vallée du Sausseron", se déroule depuis le 2 mai. Le 14 mai, l’église Notre-Dame d’Auvers a par ailleurs été le cadre d’un récital exceptionnel de Khatia Buniatishvili.
 
 
Festival d’Auvers-sur-Oise 2021
Du 27 mai au 7 juillet 2021

Programmation détaillée : https://festival-auvers.com/programmation-reservation/
 
Retransmission en streaming (sur la chaîne Youtube et la page Face des concerts des 27 mai, 10 juin, 11 juin, 17 juin, 18 juin, 24 juin, 26 juin, 27 juin, 2 juillet et 3 juillet 2021: www.concertclassic.com/content/partenariat-festival-dauvers-sur-oise-concertclassic-et-3foisc
 
Photo © Manuel Braun
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