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Le Consort sur la route des festivals – Dialoguer, partager, découvrir

Depuis deux ans, Le Consort (photo) – que l’on a d’abord connu son le nom de Taylor Consort – s’impose parmi les plus brillants jeunes ensembles baroques français. Né officiellement dans la foulée du Premier Prix et du Prix du Public au Concours de Bruges (août 2015) de Justin Taylor, son claveciniste, il s’est en réalité formé une année auparavant, au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris, lorsque J. Taylor et le violoniste Théotime Langlois de Swarte ont proposé à Sophie Bardonnèche (violon) et Louise Pierrard (viole) de se joindre à eux.
 
© J.-B. Pellerin

Adoubé par William Christie
Le courant est immédiatement passé entre les quatre musiciens et, la porte de sortie du Conservatoire tout juste franchie, Le Consort n’a pas tardé à faire parler de lui, souvent en compagnie de la mezzo Eva Zaïcik, rencontrée elle aussi au Conservatoire.
Dès 2016, tous les cinq ont été invités aux Rencontres de Vézelay (1) dans le cadre des “Quotidiennes”, lancées l’année précédente par Nicolas Bucher. En juin 2017, Le Consort a remporté le Premier Prix et le Prix du Public du Concours de Musique Ancienne du Val de Loire, présidé par William Christie. Il est en outre en résidence dans la plus belle ruche musicale de France : la Fondation Singer Polignac.

Du Festival du Périgord Noir (le 6 août) au Festival Sinfonia en Périgord (28 août) – manifestation qui aura énormément contribué à l’émergence du claveciniste Justin Taylor –, en passant par le Festival Bach en Combrailles (8 août), le Festival de Musique Ancienne de Bruges (12 août), le Festival de Sablé ( 22 août), Perpignan (27/08), et sans oublier le Festival polonais Muzyka w Raju Paradyz (19 et 20 août) et le Festival Midis Minimes à Bruxelles (30 août) et Anvers (31 août), l’actualité estivale du Consort s’avère particulièrement riche. Elle offre un éventail des répertoires que l’ensemble fréquente en ce moment, autant qu’elle dessine ses orientations discographiques des mois à venir.

  de g. à dr. : Sophie Bardonnèche, Théothime Langlois de Swarte, Eva Zaïcik, Justin Taylor & Louise Pierrard © DR

Notre cher Dandrieu
Largement en tête des programmes estivaux du Consort, celui intitulé “Sonates en trio” offre, explique J. Taylor, « un panorama de la sonate en trio européenne, avec notre cher Dandrieu, mais aussi Purcell, Corelli et Vivaldi, et montre les réseaux d’’influences entre les compositeurs, mais aussi la spécificité de chacun d’entre eux.”
“Notre cher Dandrieu” ? Jean-François Dandrieu (1682-1739) est en effet un auteur fétiche pour les quatre instrumentistes, ce depuis l’époque du Conservatoire. J. Taylor et ses partenaires n'ont en effet pas oublié le jour où ils posèrent sur leurs pupitres pour un premier déchiffrage les six Sonates en trio op. 1 : vrai « coup de cœur », ces ouvrages – infiniment séduisants – ont alors joué “un rôle fédérateur” entre les membres du futur Consort. On ne s’étonne donc pas que celui-ci s’apprête à enregistrer pour Alpha un programme regroupant – ce sera une première au disque – l’intégralité de l’Opus 1. « On y trouve des mouvements qui sont vraiment du Corelli à la française et d’autres d’une originalité peu commune, remarque J. Taylor ». Quelques sonates de Corelli et une transcription de La Corelli, pièce de clavecin de Dandrieu, viendront logiquement compléter la galette. Juste après Muzyka w Raju Paradyz, c’est le Festival de Sablé qui, en France, aura la primeur de l’intégrale en concert des Sonates en trio op. 1 par Le Consort cet été.

Avec Eva, nous faisons de la musique de chambre
Mais J. Taylor et les trois archets qui l’entourent n’oublient pas Eva Zaïcik et l’on retrouve bientôt la mezzo à leurs côtés au Festival de Bruges (12 août) pour un récital italien (Leonarda, Caccini, Strozzi). Ensemble, ils ont mis en boîte fin juin, à l’Abbaye de Saint-Michel en Thiérache, le programme qu'ils mûrissent depuis deux ans autour de la cantate française. « Ce que j’aime beaucoup chez Eva, confie J. Taylor, c’est le recul dont elle dispose par rapport à la musique, le fait qu’elle ne raisonne pas uniquement de manière vocale ; elle parle aussi la langue des instrumentistes et cela est très productif. La chanteuse ne vient pas se rajouter à la fin d’un travail musical ; dès le départ nous faisons vraiment de la musique de chambre. »

© DR

Ceux qui ont eu le bonheur d’entendre en concert (1) E. Zaïcik et ses partenaires dans le répertoire de la cantate française bouillent d’impatience de voir sortir (courant 2019 chez Alpha) l’enregistrement qu’ils ont imaginé à partir de compositions de Montéclair, Clérambault, mais aussi – parce que les jeunes interprètes souhaitaient apporter une touche personnelle à leur projet – du très méconnu Louis-Antoine Lefebvre (1700 ? – 1763), «un musicien, auteur entre autres de 21 cantatilles, qui poursuit la tradition de la cantate française en y apportant beaucoup de nouveauté, note J. Taylor ».
Un talent fou allié à un insatiable appétit de découverte et une bonne dose d'émerveillement : Le Consort n’a pas fini de nous étonner !

Alain Cochard
(entretien avec Justin Taylor réalisé le 13 juillet 2018)

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(1) www.concertclassic.com/article/rencontres-musicales-de-vezelay-ca-commence-tot
(2) www.concertclassic.com/article/festival-de-labbaye-de-saint-michel-en-thierache-2017-ardente-cloture-compte-rendu

Le Consort sur la route des festivals 2018 :
Festival du Périgord Noir (6/08) ; Festival Bach en Combrailles (8/08) ; Festival de Musique ancienne de Bruges (12/08) ; Muzyka w Raju Paradyz (Pologne, 18 & 19/08), Festival de Sablé (22/08), Perpignan/ « Le Amis de l’Esparrou » (27/08), Sinfonia en Périgord (28/08), Festival Midis Minimes (Bruxelles, 30/08 ; Anvers (31/08)
www.justintaylorharpsichord.com/agenda-en

Photo © J. B. Pellerin

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