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Le Concert de la Loge Olympique – Olympique, vous avez dit olympique ?

On le sait depuis belle lurette, le ridicule ne tue pas ; le violoniste et chef Julien Chauvin (photo) en a eu une preuve supplémentaire il y a quelques mois. Quelle n’a pas été sa surprise en apprenant qu’on lui reprochait le nom – une partie de celui-ci plus exactement - qu’il a donné à son ensemble : Le Concert de la Loge Olympique.

1783 : fondé par le Chevalier de Saint-George (1745-1799) à une époque où les Lumières brillaient un peu plus que de nos jours, cet orchestre (dont les liens avec la loge « L’Olympique de la Parfaite Estime » expliquent l’appellation) fut un très important acteur de la vie musicale de la capitale. Reprendre ce nom a été une manière pour Julien Chauvin et ses troupes de manifester un intérêt particulier pour la fin du XVIIIe siècle français, pour des auteurs, nationaux ou étrangers, parfois un peu trop oubliés, mais aussi pour des pratiques musicales, des modes d’organisation du concert qui fournissent matière à réflection (une magnifique soirée à Gaveau avec Sandrine Piau a récemment offert une convaincante illustration de cette démarche) (1). Bref, de s’inscrire dans le cours d’une histoire qui est celle de tous.
 
Mais voilà, le Comité national olympique et sportif français (Cnosf), fondé en 1894 à l’initiative du baron Pierre de Coubertin, a fait valoir des droits exclusifs sur le mot « olympique ». Confrontés à une aussi invraisemblable situation, les musiciens du Concert de la Loge Olympique ont évidemment tenté de discuter, de parvenir à un accord à l’amiable. En vain. Ils ont été sommés, par l’intermédiaire de l’avocat du Cnosf, d’abandonner leur nom avant le 11 février 2016 (2). On imagine que contact a également été pris avec l’éditeur de Montherlant pour qu’il rebaptise Les Olympiques « Jeux virils », et avec celui de Maurras pour que les Lettres des Jeux Olympiques se muent en..., allez, « Bons baisers d’Athènes ». Mais il faudrait aussi songer au film Café Olympique de Robert Guédiguian, sans parler, tiens..., de l’OM, de l’Olympique Lyonnais, de l’Olympique Club-Dakar, on pourrait poursuivre très longtemps la liste ...
 
Reprocher à un ensemble d’une trentaine musiciens de nuire aux intérêts du mouvement olympique : la chose paraît à ce point capillotractée, abracadabrantesque que l’on aurait envie d’en rire, mais hélas... Toutefois, si le ridicule ne tue pas, le bon sens demeure une denrée assez bien répartie en ce bas monde ; puisse-t-il prévaloir d’ici au 11 février. D’autant que l’Olympisme, sauf erreur de notre part, se définit comme « une philosophie de la vie, exaltant et combinant en un ensemble équilibré les qualités du corps, de la volonté et de l’esprit. Alliant le sport à la culture et à l’éducation, l’Olympisme se veut créateur d’un style de vie fondé sur la joie dans l’effort, la valeur éducative du bon exemple et le respect des principes éthiques fondamentaux universels » ( Article 2 de la Charte Olympique).

Pour conclure, rappelons au Comité national olympique et sportif français que, par sa démarche à l’encontre du Concert de la Loge Olympique, il s’en prend aussi à la mémoire d’un des meilleurs escrimeurs français de la seconde moitié du XVIIIe siècle : Joseph Bologne de Saint-George ...
 
Alain Cochard

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(1) www.concertclassic.com/article/sandrine-piau-en-tournee-avec-lorchestre-national-dile-de-france-le-feu-et-la-grace
(2) Voir le Canard Enchaîné du 3 février 2016
 
Site du Concert de la Loge Olympique : www.logeolympique.fr/julien-chauvin.html
Photo © DR

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