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Le Barbier de Séville à l’Opéra Bastille – Mattia Olivieri crève l’écran – Compte rendu

Abonnés, touristes et amateurs d’opéra sont à la fête en cette fin de saison, la Manon de Massenet (1) et Il Barbiere di Siviglia étant proposés en alternance jusqu’au 13 juillet. Un drame et une comédie, rien de mieux pour remplir la Bastille. La première, présentée en 2020, a été plusieurs fois commentée et la seconde, créée en 2010 à Genève, a fait son entrée au répertoire de l’ONP en 2014.

© Agathe Poupeney - OnP
Astucieux et efficace
La scénographie de Paolo Fantin – qui représente une imposante façade d’immeuble populaire sur plusieurs étages, puis l’intérieur de chaque appartement lorsque le décor pivote sur lui-même- – demeure astucieuse et diablement efficace. L’auditoire suit ainsi les facéties menées par le factotum Figaro en pénétrant chez les habitants de ce bâtiment très animé, où est retenu prisonnière la belle Rosina, convoitée par le sémillant Conte Almaviva. Bien décidé à libérer la pupille du vieux Bartolo qui souhaite en faire son épouse, celui-ci va donc ourdir un plan pour parvenir à ses fins.
Malgré quelques répétitions et l’utilisation excessive de la tournette, Damiano Michieletto s’amuse à dépeindre cette rue d’un quartier espagnol, montrant les occupations de chacun, entre scènes de ménage et réconciliations sur l’oreiller, linge à étendre, préparatifs du petit-déjeuner ou séance devant la télévision. L’ensemble est drôle, enlevé et suffisamment modernisé pour dépoussiérer une intrigue stricto sensu désuète.
Nous serons en revanche moins enthousiaste quant à la direction émolliente de Diego Matheuz, qui accompagne ses troupes sans énergie et sans prendre plaisir à détailler les mille et une subtilités et innovations musicales du jeune Rossini. L’orchestre ne brille pas, ne crépite jamais et semble suivre son cours imperturbablement jusqu’à ce finale qui vient couronner le triomphe de l’amour et de la jeunesse.

© Agathe Poupeney - OnP
Bagout et séduction naturelle
Sans jamais lâcher sa précieuse malette, l’infatigable Barbier de l’Italien Mattia Olivieri (photo), crève l’écran. Son timbre vif-argent, son irrésistible bagout et la séduction naturelle de sa présence collent parfaitement au personnage, figure très populaire appréciée de tous et surtout d’Almaviva, dont il se plait à devenir le complice. Face à cet as du répertoire buffo, Levy Sekgapane est un Almaviva dont les moyens se perdent par moments sur l’immense plateau de la Bastille, mais dont le charme et la vélocité sont indéniables. Si Isabelle Leonard s’avère en tous points une comédienne de premier ordre, évoluant dans ce registre comique avec un abattage rare, sa technique peu orthodoxe et son chant à la virtuosité laborieuse nous laissent plus circonspect.
Luca Pisaroni désormais distribué en Basilio joue le jeu, sans pour autant croire à cette conversion rapide (trop ?) vers les rôles de caractère, à la différence de Carlo Lepore dont le Bartolo chevrotant fait aujourd’hui peine à entendre. Andres Cascante (Fiorello), Anaïs Constans (Berta) et les chœurs, placés sous la houlette d’Alessandro di Stefano, ferment le ban de cette première d’une série de douze représentations.
François Lesueur

(1) Lire le CR : www.concertclassic.com/article/manon-lopera-bastille-tombe-du-ciel-compte-rendu
Rossini : Le Barbier de Séville - 10 juin ; prochaines représentations les 13, 16, 19, 22, 25, 28 juin ; 2, 5, 8, 11 & 13 juillet 2025 // www.operadeparis.fr/saison-24-25/opera/le-barbier-de-seville
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