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La Vie parisienne d’Offenbach à Nantes - Du côté de la comédie musicale - Compte-rendu
A l’approche des fêtes, La Vie parisienne reprend comme chaque année du service avec un succès qui ne se dément pas. Le spectacle présenté à l’Opéra de Nantes-Angers est le fruit d’une coproduction avec l’Opéra de Nancy où on l’avait découvert en 2009 dans une mise en scène de Carlos Wagner (qui a signé un séduisant Viol de Lucrèce de Britten la saison dernière à Nantes-Angers).
Les décors stylisés de Rifail Ajdarpasic et Ariane Isabell Unfried ne reculent pas devant l’anachronisme : les pieds d’une Tour Eiffel Art déco à la manière de Tiffany, recouverts de dentelle noire, représentent aussi bien la gare Saint-Lazare que l’intérieur des appartements haussmanniens du Second Empire. Carlos Wagner joue plutôt la carte de la comédie musicale tout au long des quatre actes de l’opéra-bouffe déjanté d’Offenbach. Les références au cinéma de Fred Astaire, au raffinement de la haute couture, illustrent avec bonheur le déroulement de l’action. Pourtant, les différentes péripéties menées tambour battant sont court-circuitées par des dialogues (parfois en allemand) dont l’actualité ou la connotation régionale paraissent surimposées. On assiste à des scènes bien campées mais qui prêtent plus à sourire qu’à déclencher l’hilarité. D’autre part, la chorégraphie réglée par Anna Garcia, en dépit du chatoiement des costumes de Patrick Dutertre, ne s’intègre pas toujours à une scénographie mieux rodée.
D’une distribution globalement homogène, se détache la prestation brillante tant sur le plan théâtral que vocal de Franck Leguérinel en baron de Gondremarck. Avec belle stature et une retenue très noble, il donne vie à son personnage sans épaissir le trait (moment d’anthologie que la scène d’ébriété à l’acte IV !). La baronne bénéficie également d’une prestance suggestive grâce à l’entregent de la soprano Sophie Angebault. La gantière Gabrielle d’Amel Brahim-Djelloul montre finesse et subtilité malgré une intonation trop légère. Le Bobinet de Marc Mauillon, tout autant chanteur que danseur, pétille de vivacité et d’humour et la Métella d’Emilie Pictet se montre piquante à souhait. Christophe Mortagne (Prosper) personnifie un valet de chambre d’une tenue impeccable, capable de toutes les métamorphoses. Quant au Brésilien de Bruno Comparetti, il apparaît plus acteur que chanteur et ne fait pas oublier le souvenir d’illustres interprètes aujourd’hui disparus (on songe à Dario Moreno ou encore à Jean-Christophe Benoît).
Dans la fosse, Claude Schnitzler n’est jamais pris en défaut et dirige de manière assez métronomique un Orchestre National des Pays de la Loire et des Chœurs d’Angers-Nantes Opéra au demeurant excellents. Il ne manque à ce spectacle bien agencé qu’un grain de folie, bien que la fantaisie y soit présente. Le délire fait son apparition au terme du quatrième acte et lors de la reprise en bis du final qui se déboutonne alors davantage.
Michel Le Naour
Offenbach : La Vie Parisienne - Nantes, Théâtre Graslin, 13 décembre 2011, prochaines représentations les 16 et 18 décembre, puis à Angers (au Quai Forum des Arts vivants) les 4, 5 et 8 janvier 2012.
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Photo : Jef Rabillon
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