Journal
La Trauermusik de Johann Ludwig Bach à Strasbourg - L'événement baroque de la rentrée
Johann Ludwig Bach (1677-1731) était le fils aîné de Jakob Bach, de la branche des Bach de Meiningen (1), ville où il s établit en 1703, y faisant carrière au service du duc Ernst Ludwig qui lui confiera, huit ans plus tard, la conduite de l'orchestre de sa chapelle. Aîné de huit ans de Jean Sébastien, son illustre cousin (qui semble avoir beaucoup apprécié ses dons de compositeur, puisqu'il recopia les dix-huit cantates allemandes écrites de sa main), il possédait aussi un talent de peintre dont il fit profiter son employeur, cependant qu'il développait comme musicien une nouvelle activité à la cour : celle des tournées de concerts avec la Meininger Hofkapelle, une tradition qui sera reprise au XIXème siècle par un certain Johannes Brahms, entre autres.
Dans cette production admirée par des contemporains aussi importants que Carl Philipp Emanuel Bach, le second fils du Cantor, la Trauermusik impressionne par l'ampleur des moyens mis en œuvre : un quatuor de chanteurs solistes et un double choeur accompagné par un riche orchestre de même structure. Comme dit le titre, une «musique funèbre» y compatit, portée par un souffle dramatique obsédant et une spiritualité irrépressible, tout ensemble réflexion sur la mort, le poids de la vie terrestre et la libération de l'âme.
Plus en détail, ce chef-d'oeuvre a sa petite histoire, qui tient dans le fait que le duc Ernst Ludwig avait l'habitude d'écrire les livrets des cantates et oratorios mis ensuite en musique par son maître de chapelle. Ainsi en fut-il pour la Trauermusik qu'il destinait à ses propres obsèques, événement qui survint en novembre 1724, mobilisant en l'occurrence la totalité des effectifs du corpus musicum local.
Aujourd'hui donc, «Musique funèbre» de Johann Ludwig Bach il y a ; une musique qui n'avait pas été jouée depuis près de trois siècles et dont le réveil fait l'événement musicologique et religieux de la rentrée, en phase avec les Etats Généraux du Christianisme qui se tiennent dans le même temps à Strasbourg, ville européenne s'il en est. Gageons que mélomanes et baroqueux ne seront pas les derniers à s'en réjouir.
C’est à Europa Barocca, un jeune ensemble nantais né en 2008 (et remarqué lors de la création de l’Opera seria de Florian Gassmann en 2010 sous la baguette de Raphaël Pichon) que l’on retrouve à Strasbourg, sous la conduite d’un de ses fondateurs : Simon-Pierre Bestion. On doit également à ce dernier la création du Chœur Luce del Canto, formation qui s’apprête à faire équipe avec Europa Barocca et un quatuor vocal composé de Caroline Meng (soprano), Lucile Richardot (alto), Hervé Lamy (ténor) et Fabrice Maurin (basse).
Roger Tellart
(1) on distingue quatre branches dans la célèbre dynastie, à partir des ancêtres Hans et Veit qui vivaient au XVIème siècle : Meiningen, Erfurt, Franconie et Arnstadt
13 octobre 2012 – 21 h
Strasbourg – Eglise Saint-Paul
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Site d’Europa Barocca : www.europabarocca.com
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Photo : DR
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