Journal

La résurrection de Sémélé



Evénement du week-end d’ouverture du 24ème Festival de Beaune, la recréation de Sémélé, dernier opéra de Marin Marais, est confiée à la direction d’Hervé Niquet. Une redécouverte que l’on pourra bientôt savourer à Montpellier, mais aussi à Paris au mois d’octobre.

La « mozartmania » frénétique du début de l’année – ouf !, les choses se calment enfin un peu… - donnait l’impression d’occulter totalement le 350ème anniversaire de la naissance de Marin Marais. Au fil des mois on se rend compte qu’il n’en est rien et que 2006 sait aussi faire honneur à « l’ange de la viole ».
Disciple de Monsieur de Sainte Colombe, Marais a marqué plus que tout autre la littérature de son instrument. Sainte Colombe l’avait prédit : nul jamais ne surpasserait Marais !
L’œuvre de dernier ne se limite cependant pas à une abondante production instrumentale regroupée, pour l’essentiel, dans les cinq Livres de pièces de viole. Membre de l’Orchestre de l’Académie royale de Musique, au sein duquel il participa à l’exécution d’oeuvres de Lully, Marais développa aussi un penchant prononcé pour l’opéra.

En 1706, son troisième ouvrage du genre, Alcyone, remporta un grand succès qui le poussa à se lancer dès 1709 dans une nouvelle collaboration avec le librettiste Antoine Houdar de La Motte : Sémélé. La dernière tragédie lyrique de Marais fut créée le 9 avril 1709 à l’Académie royale de Musique. Las ! le compositeur fit les frais d’un très médiocre accueil qui l’incita à abandonner le genre lyrique et à se réfugier dans la musique instrumentale.

Un travail de restauration de la partition demeurait à accomplir afin de pouvoir offrir Sémélé aux auditeurs d’aujourd’hui. La perspective de l’anniversaire Marais en a été le prétexte pour le Centre de Musique Baroque de Versailles.
Riche en prémices de l’opéra français à venir, Sémélé montre par ailleurs Marais à nouveau occupé à déchaîner les éléments. Après la Tempête d’Alcyone qui fit tant pour la gloire de son auteur, sa nouvelle tragédie comporte… un tremblement de terre !

Le Festival de Beaune aura la primeur de la redécouverte de Sémélé en version de concert sous la direction d’Hervé Niquet (1er juillet, Cour des Hospices, 21h) avec pour les rôles principaux Magali Léger (Sémélé), Emiliano Gonzales-Toro (Adraste) et Thomas Dolié (Jupiter).
Mais la représentation de Beaune ne constitue toutefois pas l’unique occasion d’entendre l’ouvrage de Marais. Dès le 12 juillet, Hervé Niquet retrouve ses musiciens du Concert Spirituel et la même distribution pour une nouvelle exécution dans le cadre du Festival de Radio France et de Montpellier(à 20h).
Enfin, le Centre de Musique Baroque de Versailles ayant effectué la restauration de la partition, il était plus que légitime que ses Grandes Journées Marin Marais de l’automne inscrivent Sémélé à l’affiche. Ce sera d’ailleurs l’occasion pour le CMBV d’une incursion sur une scène parisienne. Hervé Niquet dirigera en effet l’ouvrage au Théâtre des Champs-Elysées, le 23 octobre prochain.
J’aurai l’occasion de revenir en temps voulu sur l’actualité Marais de la fin de l’année. Notez toutefois dès à présent sur vos agendas qu’un Festival Marin Marais, organisé à l’initiative du gambiste Jean-Louis Charbonnier, se déroulera à Paris du 20 octobre au 9 décembre.

Alain Cochard

VIDEO de la répétition de Sémélé

photo: DR

Partager par emailImprimer

Derniers articles