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La « République indépendante et souveraine du West-Eastern Divan » à Pleyel


Le premier concert parisien du West-Eastern Divan Orchestra et de Daniel Barenboim il y a deux ans avait fait courir le Tout-Paris au Châtelet – nous n’étions pourtant que le 23 août. Il y a toutes les chances pour que la venue à Pleyel, lundi 25 août, de ce que Barenboim nomme joliment la « République indépendante et souveraine du West-Eastern Divan » suscite un enthousiasme égal, sinon supérieur.

Cinq ans après la mort d’Edward Saïd qui, avec Daniel Barenboim, a lancé en 1998 l’idée de cette formation singulière, de jeunes musiciens issus d’Israël, des pays du Moyen-Orient, mais aussi d’Espagne (depuis 2002 le W.E.D.O. est établi à Séville et soutenu financièrement par la Junta de Andalucia) font vivre avec toujours plus d’enthousiasme et de succès publics (Salzbourg les a accueilli pour la première fois l’an dernier) l’espoir et l’optimisme qui animaient l’intellectuel palestinien. E. Said n’affirmait-il pas en effet peu avant sa mort : « Peut-être bien que la solution viendra d’une coopération et d’une coexistence telles que nous les avons vécues en interprétant, en partageant et en aimant la musique tous ensemble. Quant à moi, je déborde d’optimisme malgré le ciel qui s’assombrit et la situation apparemment sans issue qui pour l’instant nous emprisonne tous. »

La dimension symbolique des concerts du W.E.D.O. explique une bonne part de leur vaste audience, tout comme la ferveur propre à cet orchestre, mais par-delà ces aspects le contenu du programme et les solistes qu’il met en œuvre cette fois justifient aussi que l’on prenne sans hésiter la direction de Pleyel un peu plus tôt que de coutume.

On n’a pas tous les jours en effet l’occasion d’entendre au concert les Variations op 31 (1928) de Schoenberg. Pas loin de deux décennies après les atonales Pièces op 16, l’ouvrage applique le système dodécaphonique dans le contexte d’un vaste effectif symphonique. La richesse d’écriture de Schoenberg et le sens du contraste qu’il manifeste dans ce cycle seront l’occasion de juger de la qualité du travail des jeunes instrumentistes menés par Barenboim.

Mais c’est évidemment d’abord pour ce qui suit ce préambule viennois que l’on courra écouter le West-Eastern Divan Orchestra. Barenboim a en effet choisi d’interpréter l’Acte I de La Walkyrie avec une distribution à faire pâlir d’envie tous les wagnériens puisque Waltraud Meier incarne Sieglinde, Simon O’Neill Siegmund et René Pape Hunding. Voilà qui donne envie d’aimer la rentrée !



Alain Cochard

West-Eastern Divan Orchestre, dir. Daniel Barenboim
Salle Pleyel
Lundi 25 août 2008, à 20h


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Photo : DR

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