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La mère de Dionysos - Semele selon David McVicar de retour au TCE

Sémélé eut de la chance par deux fois avec les plumes lyriques. Le 9 avril 1709 le Palais Royal montrait la Sémélé de Marin Marais et son incroyable tremblement de terre. Trente cinq ans plus tard, le public londonien du théâtre Royal de Covent Garden, entendant le 10 février 1744 la stupéfiante proposition de Haendel, débarrassée elle de tout effet extérieur, eut-il conscience que s’écrivait devant lui une des pages majeures de l’histoire de l’opéra anglais ?

Car la Semele du Caro Sassone est rien moins qu’un chef-d’œuvre mais si particulier que justement ce statut finit par lui échapper. L’admirable livret de Congreve met en place une dramaturgie poétique qui inspire chez son musicien une fantaisie tour à tour exubérante et poétique – le fameux sommeil qui ouvre le III – dont on peut épicer les beautés quasi pré-mozartiennes d’une pincée de comédie. L’œuvre y prend alors sa pleine dimension ; ses doubles sens, ses jeux de miroirs y brillent avec plus d’éclat.

Le Théâtre des Champs-Elysées reprend donc l’emblématique production de David McVicar, avant tout décorative. Ce spectacle lisse et chic ne nous dit pas tout de l’œuvre mais ne la trahit pourtant pas. Mais si l’on n’est pas mécontent d’en retrouver l’élégance pratique, on ira d’abord pour la distribution. Danielle de Niese dans le rôle-titre, la Junon de Vivica Genaux, le Jupiter de Richard Croft font sur le papier un brillant trio. Christophe Rousset leur donnera-t-il l’orchestre fourni et pourtant élancé qu’Haendel a écrit ? Semele ne supporte pas les petits arrangements.

Jean-Charles Hoffelé

Haendel : Semele – Paris, Théâtre des Champs-Elysées, le 30 juin, puis les 2, 4 et 6 juillet 2010.

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Photo : Alvaro Yañez
 

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