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«La Flûte d’Arlequin » au Festival Terpsichore – D’un bon pied ! – Compte rendu

En pleine année Telemann – plutôt mollement célébrée en France –, le 4ème Festival Terpsichore n’a pas manqué de faire place au compositeur allemand dès sa soirée inaugurale en accueillant salle Erard la première parisienne de « La Flûte d’Arlequin » (dont la création s’est tenue en juillet dernier dans le cadre du festival du Périgord Vert).

L’idée de cette « Flûte » trottait dans l’esprit du danseur et chorégraphe Hubert Hazebroucq depuis une bonne décennie ; son envie de bâtir un spectacle autour des douze Fantaisies pour flûte seule (1732) de Telemann a pris forme en s’inspirant du personnage d’Arlequin - et en considérant chacune des pièces du recueil comme l’un des mois de l’année. Un danseur, un flûtiste, un minimum d’accessoires : la sobriété et la légèreté du dispositif n’ont d’égal que la poésie et le relief du résultat ; pas un temps mort n’entache ces saisons d’Arlequin.

© Régis d'Audeville

Les images associées à l’Arlequin bondissant et farceur de la commedia dell’arte sont évidemment conviées, mais toute la force et l’originalité de la proposition est justement de ne pas se cantonner à cette dimension et de se souvenir aussi du Hellequin médiéval et de l’imaginaire noir et maléfique auquel il est associé (formidable Fantaisie XI, qui s’ouvre une saisissante vision d’effroi avec de se muer en une chasse aux démons). Reste que – par souci de diversifier au maximum son propos –Hazebroucq sait prendre de la distance avec son sujet, pour inventer une noble et très versaillaise chorégraphie sur le Alla Francese de la Fantaisie VII, ou s’autoriser un sommeil – on ne peut plus rustique ! – sur le Largo de la Fantaisie VIII par exemple.

Danse, mime, changements incessants de masque, de tenue : la variété de « La Flûte d’Arlequin » tient certes à l’imagination de H. Hazebroucq, mais beaucoup aussi à la richesse du jeu de Julien Martin – merveilleux de style, dans le brio comme la tendresse –, qui aborde la musique de Telemann avec six flûtes différentes (et une virtuosité qu’il n’est plus nécessaire de souligner !). La vaste palette de tessitures et de couleurs dont il dispose nourrit autant qu’elle valorise les choix du chorégraphe et contribue à faire de sa « Flûte d’Arlequin » un vrai moment d’émerveillement.
 

© Régis d'Audeville

Voilà donc le 4ème Festival Terpsichore qui s’élance d’un bon pied : prochains rendez-vous le 28 septembre, au Temple de Pentemont, pour une soirée William Byrd par Skip Sempé, La Compagnia del Madrigale et Capriccio Stravagante (1), et enfin, à l'église Saint-Thomas d'Aquin, le 12 octobre, avec un riche programme Telemann, vocal et instrumental, qui rassemble Damien Guillon, Julien Martin et l’Ensemble Masques d’Olivier Fortin (2).  

Quant à Hubert Hazebroucq, on note que l’hommage à François Ier « Magnificences à la cour de France », qu’il a chorégraphié avec le concours de Philippe Vallepin à la mise en scène et de Denis Raisin Dadre à la direction musicale – spectacle qui avait fait forte impression lors de sa création au French May de Hong Kong en 2015 –, est repris le 1er cctobre au Havre et le 3 octobre dans le cadre du Festival baroque de Pontoise.

Alain Cochard

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(1) Parallèlement à ce concert, le somptueux enregistrement « Byrd, Virginals & Consorts » de Skip Sempé et du Capriccio Stravagante est réédition par Paradizo (dist. Outhere)
(2) On n’oublie pas le goûteux CD « Le Théâtre musical de Telemann » que Masques et O. Fortin ont signé l’an passé chez Alpha Classics
 
Paris, salle Erard, 15 septembre 2017. 4ème Festival Terpsichore, jusqu’au 12 octobre 2017 / www.terpsichoreparis.com/
 
 
« Magnificences à la cour de France » :
www.doulcememoire.com
Le Havre, 1er octobre : thv.lehavre.fr/agenda/magnificences-la-cour-de-francois-ier
Festival Baroque de Pontoise, 3 octobre 2017 : www.festivalbaroque-pontoise.fr/programme-2017/mardi-3-octobre-20-h-30

Photo (Hubert Hazebroucq & Julien Martin) © Régis d’Audeville

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