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La Favorite : retour à l’original - Trois questions à Paolo Arrivabeni

Directeur musical de l’Opéra Royal de Wallonie (Liège), Paolo Arrivabeni dirigera la version originale française de La Favorite au Théâtre des Champs-Elysées à partir du 7 février prochain. Concertclassic l’a rencontré à quelques jours de la première. Pourquoi avoir choisi de diriger la version française de La Favorite ?

Paolo Arrivabeni : Donizetti a écrit cette musique pour Paris et il connaissait bien la prosodie française. Quand on transpose en italien, c’est un peu forcé. La version italienne c’est une belle adaptation, mais la musique n’est pas exactement la même. Par exemple, il y a quatre trompettes, par deux, dans l’original pour Paris, car l’Opéra disposait de cet effectif-là. Si dans une partition de cette époque, on voit deux couples de trompettes, on peut, sans regarder plus loin, en déduire que c’était écrit pour Paris. Même chez Verdi, comme par exemple dans Les Vêpres siciliennes ou Don Carlos. Et jouer la version originale de La Favorite me semble d’autant plus important que Donizetti y emploie l’orchestre d’une manière très novatrice.

Même si ce n’est pas à proprement parler une œuvre méconnue, comment vous préparez-vous à défendre La Favorite ?

P. A. : Ma première pensée le matin avant de commencer la répétition est de faire un bon service pour Donizetti. Aujourd’hui, on a heureusement avec les éditions critiques des outils plus précis qu’avant. Dans celle de Ricordi, on a la partition telle que l’a écrite Donizetti. Après, la tradition entre en jeu, et c’est à nous, en accord avec les metteurs en scène et les solistes de choisir pour les aigus, les rallentendi, etc. La musique italienne, à la différence de la musique allemande, a beaucoup de traditions ; il faut savoir distinguer entres les bonnes et les mauvaises. C’est une musique où tout n’est pas écrit, il faut mettre les mains dedans. Chez Donizetti, comme avec Bellini ou Rossini, on fait aussi appel à l’imagination de l’interprète.

Parlez-nous de vos fonctions à Liège. En profitez-vous pour faire redécouvrir des ouvrages tombés dans l’oubli ?

P. A. : Je suis arrivé en 2008, et mon contrat a été prolongé jusqu’en 2017. Avec Stefano Mazzonis, le directeur général, nous essayons de proposer une palette de styles assez large. Evidemment avec un chef italien, le répertoire italien est privilégié. Mais l’opéra français n’est oublié, d’autant que notre principal chef invité, Patrick Davin, y est particulièrement attaché. Et avant la fin de mon mandat, j’ai très envie de faire Carmen et Les Pêcheurs de perles. La programmation de l’Opéra Royal de Wallonie mêle le répertoire et les raretés. Comme on dit, pour satisfaire tous les goûts, il faut mélanger le salé et le sucré. A propos de rareté, je rêverais de donner La Vestale de Mercadante ; une merveille ! Mais une maison comme Liège n’est pas un festival. Je me souviens d’avoir joué Die Drei Pintos de Weber réorchestré par Mahler au Festival de Wexford. Les gens viennent de partout pour entendre ce qui ne se fait pas ailleurs, c’est la vocation d’un festival, mais pas d’une maison de répertoire où il faut remplir toute l’année.

Propos recueillis par Gilles Charlassier, le 28 janvier 2013

Donizetti : La Favorite
Du 7 au 17 février 2013
Paris - Théâtre des Champs Elysées

Site de l’Opéra Royal de Wallonie : www.operaliege.be/fr

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Photo : DR
 

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