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La Bohème à l’Opéra Bastille – Routinier – Compte-rendu

La Bohème de Puccini à l'Opéra Bastille

A revoir cette antique production de Jonathan Miller, où les interprètes livrés à eux-mêmes semblent perdus, on regrette tout simplement que la Bohême de Puccini ne soit pas interdite de Bastille ; ne nous cachons pas la réalité, cette œuvre a besoin d'intimité, de proximité et ne devrait être jouée que dans un théâtre aux dimensions de l'Opéra Comique offrant le rapport scène/salle le mieux équilibré de la capitale.

Paris, les années trente, l'hiver, le froid et la faim s’inspirent de certains films français, mais les lourds décors de Dante Ferretti trop sagement éclairés Guido Levi, n’évoquent que lointainement le réalisme poétique de Quai des brumes, les deux premiers tableaux ronronnent, le troisième sonne creux et si le quatrième résiste mieux, c'est uniquement grâce à la musique qui, même platement dirigée, vous prend à la gorge.
 
Dans la fosse Mark Elder conduit l’orchestre de manière pesante, dépassé par les décibels et la présence par trop envahissante de Vittorio Grigolo, arrivé en catastrophe après la défection de Khachatur Badalyan. Toujours aussi désinvolte, le ténor italien veut nous faire croire qu'il connaît son Rodolfo sur le bout des doigts, alors que celui-ci est fâché avec la mesure et que de nombreux décalages soulignent le manque de répétition.

Pour ses débuts à l'Opéra de Paris, Nicole Cabell est encore hésitante, tout du moins jusqu’à la Barrière d'Enfer où sa timidité s'estompe et où sa Mimi trouve enfin ses marques, délivrant un subtil « Donde lieta usci » exécuté archet à la corde, avant de mourir dignement et sobrement auprès de son amant et de ses fidèles amis. L'Italienne Mariangela Sicilia est une piquante Musetta, le Grec Tassis Christoyannis un convaincant  Marcello, Simone del Savio (Schaunard) et la basse Ante Jerkunica (Colline) de précieux comprimari.
 
François Lesueur
 
Puccini : La Bohème – Paris, Opéra Bastille, 15 décembre, prochaines représentations les 23, 26, 28 et 30 décembre 2014

© Julien Benhamou / Opéra national de Paris

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