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La Belle Hélène à l’Opéra de Toulon - Un bel hellène - Compte-rendu

 S'agit-il d'un effet magique propre à l'air du Midi ? Comme dans le cas de L'Elixir d'amour marseillais, c'est à nouveau un ténor qui sauve La Belle Hélène programmée par l'Opéra de Toulon pour les fêtes de fin d'année : le trentenaire Cyrille Dubois, sélectionné dans la catégorie "Révélation lyrique" des prochaines Victoires de la Musique (palmarès le 2 février prochain), confère à Pâris un chic inimitable, par la grâce d'un timbre caressant, d'une splendide élocution et d'une aptitude naturelle à la voix mixte, tout en affichant cette nonchalance un peu tête-à-claques du garçon se sachant bien né, qui colle parfaitement au rôle.

Avouons que l'on venait surtout entendre la reine de Sparte de Karine Deshayes, laquelle ne démérite pas, n'étaient une diction toujours un peu couverte et quelques duretés : sa voix longue, au grave cuivré, épouse au mieux la tessiture hybride de la première Hélène, l'immense Hortense Schneider, et si le chant met quelques scènes à se libérer, il impressionne par son expressivité et son abattage.
Pour le reste, hélas, pas grand-chose à se mettre sous... l'oreille ni les yeux.
 

La mise en scène tagada tsouin tsouin de Bernard Pisani, engluée dans une tradition boulevardière des plus datées, ne nous épargne ni les cuirasses en carton, ni les toges imprimées, ni les œillades au public, ni les entrechats approximatifs, ni les prudes polissonneries. Sa seule idée (le scénographe étant aussi chorégraphe) consiste à accompagner ou illustrer chaque air par une danse, exécutée soit par les interprètes principaux, soit par des figurants/danseurs : outre que le procédé finit par lasser, il réclamerait, pour fonctionner à plein, un nombre de répétitions supérieur à celui qui a été concédé.

Dans cette optique, on a fait choix, pour les seconds rôles, d'acteurs chantants plus que de véritables artistes lyriques - et, si Olivier Grand campe un Agamemnon sonore, l'on n'entend plus guère l'Oreste d'Eugénie Danglade, le Calchas d'Antoine Garcin ni le Ménélas d'Yves Coudray dès qu'il s'agit de pousser la note...

Soucieux de ne pas tomber dans la vulgarité, Nicolas Krüger dirige avec sensibilité un Orchestre de Toulon attentif mais, à force de précautions et de lenteur, génère une certaine somnolence. Le spectacle, dans lequel l'on a cru bon de ménager deux interminables entractes, manque d'autant plus de brio que le Choeur de Toulon, pour le coup, ne se montre guère à la hauteur de sa (lourde) tâche.
Pour les têtes d'affiche, donc.

Olivier Rouvière
 
Offenbach : La Belle Hélène - Toulon, Théâtre municipal, le 28 décembre 2014

Photos © DR/ Opéra de Toulon

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