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La Banda Sinfonica Juvenil Simon Bolivar au Châtelet - Une fête, un chef

Pari gagné pour Buffet Group, partenaire historique du Sistema, qui a pris le risque d’inscrire en dernière minute un concert de la Banda Sinfonica Juvenil Simon Bolivar le dimanche 7 juillet à l’affiche du Châtelet. Le public a répondu en nombre à un rendez-vous qui pourrait bien prétendre au titre de soirée la plus décoiffante de la saison 2012-2013. La réussite du concert, de la fête plutôt, tient à la fois à la personnalité du chef que l’on découvrait là, au niveau et à l’enthousiasme des jeunes instrumentistes vénézuéliens et à l’originalité de leur programme. Ne pas se fier aux apparences : silhouette frêle sous une chevelure noire bouclée, pas encore 24 ans, Sergio Rosales (photo) est déjà un chef expérimenté - gestique très sobre et sacré meneur hommes ! Violoniste de formation, il occupe depuis 2008 le poste de chef principal de la Banda Sinfonica Juvenil Simon Bolivar.

La jubilation, l’appétit avec lesquels Rosales et ses instrumentistes s’emparent de Grand Fanfarre de Giancarlo Castro D’Addona (né en 1980) donnent le ton d’une soirée qui se poursuit avec l’ouverture de Candide de Bernstein. Enlevée avec l’esprit et le tact requis, elle montre la souplesse et le dynamisme des phrasés que le chef obtient de ses souffleurs.

Il joue à merveille des couleurs des différents pupitres : Extreme MakeOver de Johan de Meij (né en 1953), pièce très originale qui présente continûment, en filigrane, un thème de Tchaïkovski, se déploie avec un relief et un lyrisme assez irrésistibles. Donnée en création mondiale, la Rhapsody for Talents de Giancarlo Castro D’Addona présente un caractère plus convenu, entre envolées cinématographiques et moments très jazz band, mais nul ne songerait à bouder son plaisir face à l’engagement et à la sincérité des interprètes vénézuéliens.

La surprise de la soirée occupe toute la seconde partie avec la Symphonie n°3 pour grand ensemble de vents « Circus Maximus » de John Corigliano (né en 1938). Un bon quart la Banda s’est réparti dans les différents étages du Châtelet pour cette partition impressionnante (35 minutes), datée de 2004, qui s’appuie sur les effets de spatialisation. Le spectacle est autant pour les oreilles que pour les yeux dans une musique entre chaos originel et trompettes du Jugement dernier. D’une précision étonnante, le jeune maestro domine totalement un ouvrage foisonnant, sauvage, contrasté et plein d’imprévu, tantôt rutilant, tantôt mystérieux : une grande bouffée d’air frais pour des auditeurs parisiens habitués à des choix de répertoire plus convenus.

Standing ovation immédiate, festival de bis plus toniques et enflammés les uns que les autres et, pour conclure, lancer de vestes de survêtement aux couleurs du Vénézuéla dans le public : un triomphe. La Banda Simon Bolivar ne pouvait plus magistralement réussir sa première apparition dans la capitale. Quant à Sergio Rosales, retenez ce nom !

Alain Cochard

Paris, Théâtre du Châtelet, 7 juillet 2013

Photo : DR
 

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