En clôture du Festival de Saint-Denis, l’Orchestre National de France proposait un programme autour de la Symphonie de Psaumes sous la baguette enthousiaste de Kristjan Järvi. Outre Stravinski, étaient convoqués Cecilia, vergine romana d’Arvo Pärt, oratorio d’une quinzaine de minutes créé en 2000 à Rome, et les inoxydables Tableaux d’une exposition de Moussorgski/Ravel.

La direction fluide, précise et fervente du chef estonien met bien en valeur l’intensité qui se dégage de la Symphonie de Psaumes. La netteté des plans sonores, la place accordée à l’expression (bel engagement des Chœurs et de la Maîtrise de Radio France !), donnent à cette partition austère une résonance bien adaptée à l’atmosphère spirituelle du lieu. Plus archaïsante, l’œuvre d’Arvo Pärt relatant le supplice de Sainte-Cécile et le transfert de sa dépouille à Rome, atteint une sérénité émouvante qui culmine in fine dans l’éclatement des cloches et les subtiles arabesques des bois sur un écrin de cordes. Dans les Tableaux, Kristjan Järvi fait briller le National de tous ses feux. D’une rythmique impressionnante, sa vision très chorégraphique et gorgée de couleurs rejoint l’alacrité du Sacre du Printemps et déploie une puissance tellurique qui fait frémir le public réuni dans le grand vaisseau de Saint-Denis.

La semaine précédente, à la Légion d’Honneur, Fanny Clamagirand et Adam Laloum offraient un superbe récital de musique de chambre L’expression chaleureuse de la violoniste le disputait à la poésie subtile du pianiste dans des œuvres de Brahms (Sonate n°3), Schumann (Trois Romances), Prokofiev (Sonate n°1) et Ravel (Tzigane) Parfaitement accordés, les deux instrumentistes se fondaient dans une vision où la virtuosité était mise au service de la profondeur, de l’élégance et de la densité sonore.

Michel Le Naour

Saint-Denis, Basilique, 28 juin 2013 ; Légion d’Honneur, 23 juin 2013

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Photo : Peter Rigaud