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King Arthur à la Cité de la musique - Le grand combat du Roi Arthur - Compte rendu

Après La Reine des Fées donnée en 2011, Philip Pickett (photo) et le New London Consort étaient de retour à la Cité de la musique pour un Roi Arthur (en version de concert) impatiemment attendu par tous les purcelliens parisiens.

C'est que le chef anglais semble s'être fait une spécialité du masque ou semi-opéra insulaire. Ainsi de ce Roi Arthur, créé en 1691 sur un livret de John Dryden qui revient aux sources nationales (l'oeuvre étant emblématiquement sous-titrée «The British Worthy», c'est-à-dire «la valeur britannique»). En fait, par semi-opéra, il faut entendre «musique de scène». Ce que le Roi Arthur est avant tout, qui mêle les rôles chantés et parlés et multiplie les effets spectaculaires, sous-tendu par une ferveur patriotique qui culmine dans plusieurs grands choeurs à l'homophonie prégnante (la révolution qui chassa Jacques II et les Stuart était encore toute proche).

Certes, la magie du théâtre, quand il y a représentation, reste un atout irremplaçable. Pour autant, la version de concert présentée à la Cité m'a déjà semblé nourrie de théâtralité, se gardant des transpositions et amalgames hasardeux déplorés, l'an passé, dans une Reine des fées qui jouait la carte de la modernité via les services d'un tour operator !

Ainsi la fameuse scène du Gel au 3ème acte, où tout est dans le pouvoir de la musique, supplée à toute imagerie complaisante, introduite par l'air What power art you du Génie du Froid, aux chromatismes grelottants et où Pickett et son impeccable collectif parviennent à une surprenante intensité dans l'évocation de l'irréel et du fantastique. Pour ces rares dons de suggestion, ce Roi Arthur comptera parmi nos meilleurs souvenirs de l'année à la Cité, dispensateur d'un vrai bonheur narratif par la grâce du Merlin d'Oliver Cotton, chroniqueur so british d'une intrigue généreuse à plaisir (Emmeline, la bien-aimée d'Arthur étant libérée in fine des griffes d'Oswald, roi des Saxons, et de son mage, l'infernal Osmond). Et surtout des atouts (mélodiques et rhétoriques) d'un plateau vocal inattaquable, de Joanne Lunn (à la fois Prêtresse, Cupidon et Vénus somptueuse) à Faye Newton, Anna Dennis, Penelope Appleyard, Joseph Cornwell, Simon Grant, Benjamin Bevan, Michael George (l'Esprit du Froid) et autres chantres vaillants qui auront fait de la soirée un délectable hommage à la gloire de l'Orphée britannique.

Roger Tellart

Purcell : King Arthur (version de concert) – Paris, Cité de la musique, 17 mars 2012

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Photo : DR
 

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