Journal

Jukka-Pekka Saraste, Mattila et le Philharmonique de Rotterdam - Raretés sibéliennes


La musique de Jean Sibelius trouve peu à peu sa place en France, mais la connaissance du maître finlandais y demeure toutefois parcellaire car orchestres et chefs penchent surtout vers la Symphonie n°2, le Concerto pour violon, les Légendes et leur fameux Cygne de Tuonela, ou les poèmes symphoniques Finlandia et En Saga. La halte de l’Orchestre Philharmonique de Rotterdam et du Finlandais Jukka-Pekka Saraste au TCE va faire le bonheur de ceux qui regrettent de ne pas pouvoir entendre plus souvent en public des opus tels que ceux inscrits à leur programme.

Composé entre 1910 et 1913 sur la requête de la soprano Aino Ackté, Luonnotar s’inspire du Kalevala (l’épisode où Luonnotar, « Fille de l’air », s’unit à la mer) et prend la forme étonnante d’un poème symphonique avec voix de soprano où le chant s’allie de magique façon à un orchestre aux couleurs fabuleuses. On n’entend pas tous les jours Luonnotar à Paris ; le Philharmonique de Rotterdam fait les choses en grand en confiant l’exigeante partie vocale à Karita Mattila, excusez du peu.

Un bonheur ne vient jamais seul. Avec la Symphonie n°4 (1910-1911), Saraste s’empare d’une partition dont l’ascétique économie de moyens s’oppose de façon radicale au post-romantisme de la 2ème Symphonie. « Musique du XXIe siècle », déclara un commentateur interloqué après une exécution à Boston en 1913 d’un ouvrage que l’auteur présentait comme « une totale protestation » contre les compositions de son temps. L’une des partitions les plus personnelles et fascinantes de Sibelius en tout cas.

On répond d’autant plus volontiers à l’invitation des Néerlandais qu’ils sont placés sous la direction d’un sibélien aguerri s’il en est. Les Quatre Instants de la plus française de Finlandaises, Kaija Saariaho, et la savoureuse Suite de danses de Bartok complètent cette alléchante soirée.

Alain Cochard

Orchestre Phil. de Rotterdam, di. J. P. Saraste

Karita Mattila, sop

(Œuvres de Sibelius, Saariaho et Bartok)

Mercredi 13 avril – 20h

www.theatrechampselysees.fr

> Programme détaillé et réservations du Théâtre des Champs-Elysées

> Vous souhaitez répondre à l’auteur de cet article ?

> Lire les autres articles d'Alain Cochard

Photo : Lauri Eriksson

Partager par emailImprimer

Derniers articles