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Jean-Claude Casadesus dirige Brahms - Humanisme consolateur - Compte-rendu


A l’inverse de ces Requiem allemand de Brahms épais, taillés dans la masse, celui qu’a dirigé Jean-Claude Casadesus dans le cadre de la 5ème Biennale d’art vocal de la Cité de la musique était marqué au sceau d’un humanisme consolateur. Le chef réussit à alléger son orchestre lillois pour mettre au premier plan les interventions du formidable chœur de la BBC. Des mélodies au caractère presque populaire digne de Schumann ou de Mendelssohn passent avec légèreté d’un instrument à l’autre.

Mais le jeune Brahms n’ignore rien non plus des résurrections des grandes pages religieuses et dramatiques de l’ère baroque : il leur rend un discret hommage dans les deux fugues. Jean-Claude Casadesus tint le juste équilibre entre les deux, conscient de l’intimisme quasi luthérien de l’œuvre, loin des grandioses « Jugements derniers » que constituent les Requiem latins d’inspiration catholique. Les deux solistes ont joué leur rôle dans cette tonalité plus humaine du Requiem allemand, qui parfois anticipe sur les Lieder avec orchestre les plus mystiques de Mahler.

Le baryton allemand Dietrich Henschel met toute son expérience de l’opéra dans des interventions qui évoquent aussi bien les évangélistes des Cantates de Bach que le futur Wotan de Richard Wagner. La soprano made in England Sally Matthews laisse sa voix planer comme une caresse au dessus de l’orchestre. Un Requiem qui ne vous secoue pas comme celui de Berlioz, mais vous met en paix avec vous-même.

Jacques Doucelin

Paris, Cité de la musique, 8 juin 2011

(Concert retransmis par France Musique le 23 juin à 9h07)

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Photo : DR

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