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Inauguration de l’Auditorium de Lille - Nouvelle donne - Compte-rendu

L’inauguration de l’Auditorium rénové du Nouveau Siècle, le 9 janvier, a constitué un moment fort pour l’Orchestre National de Lille et son patron, Jean-Claude Casadesus. « Il s’agit d’un combat de dix ans qui, grâce à la volonté du Conseil Régional, voit enfin le jour, souligne le chef. Après l’année de transhumance que l’on a connue entre les différents lieux qui nous ont accueillis, j’ai enfin le sentiment de pouvoir comparer cette salle à celles des trente et un pays parcourus par l’orchestre. Pour la première fois à Lille, j’ai entendu un véritable pizz de contrebasse comme je l’espérais depuis si longtemps. »

Entreprise entre juin 2011 et janvier 2013, la transformation de la salle était programmée depuis de nombreuses années. Le bâtiment existant a été totalement repensé dans son architecture intérieure par Pierre-Louis Carlier et son agence. Un nouvel auditorium s’est substitué à l’ancien, avec une capacité de 1700 sièges (au lieu de 1850), et l’on a cherché à susciter une sensation de proximité pour les spectateurs installés devant, derrière la scène et dans des bergères. Les musiciens disposent d’un vaste plateau doté de moyens perfectionnés.

Ces travaux n’ont pas été un long fleuve tranquille car il a fallu vaincre des difficultés gigantesques : désamiantage, désossement de l’existant, incendie maîtrisé, nuisances pour le voisinage… « Il faut rendre hommage aux différents corps de métiers qui ont réussi la gageure de mener à bien le chantier, aux ingénieurs acousticiens, à tous ceux au sein de l’ONL qui se sont relayés jour et nuit ces dernières semaines pour que l’inauguration ait lieu », précise Ivan Renar, Président de l’Orchestre.

Le résultat est à la hauteur des espérances, avec un budget serré au maximum (entre 14 et 17 millions € in fine). Dans cet hémicycle en forme de coquille Saint-Jacques à l’esthétique chaleureuse, le bois procure un confort exceptionnel. L’écrin sonore a été imaginé par un acousticien parmi les les plus reconnus mondialement, Eckhard Kahle. C’est lui qui assurera également avec sa société de conseil (Kahle Acoustics) la maîtrise d’ouvrage de la future Philharmonie de Paris. Les plafonds formés de caissons absorbent le son tout en le diffusant vers le public. Tout est pensé en fonction de l’énergie dégagée. A la fois analytique et synthétique, l’acoustique permet une interconnexion entre les instrumentistes qui peuvent désormais s’écouter, ce qui n’était pas le cas auparavant. De fait, jusqu’au dernier moment, il a fallu installer les fauteuils, balayer les gravats, pour que la fête soit au rendez-vous.

Le premier concert frappe d’emblée par l’ampleur et la projection de la sonorité de l’orchestre. L’Ouverture de fête de Chostakovitch, les extraits du Gloria de Poulenc avec la participation sensible de la jeune soprano Stéphanie Gouilly, ou la Suite de Roméo et Juliette de Prokofiev laissent entrevoir toute une gamme de possibilités qu’il faudra apprivoiser en dosant et nuançant les plans et les étagements. Quel éclat pourtant dans la Marche hongroise de Berlioz et dans celle de Radetzky ! La sécheresse d’antan est oubliée et l’on éprouve la sensation d’être en plein cœur de la musique, comme en lévitation.

Un beau cadeau de Noël en somme offert aux musiciens de l’Orchestre National de Lille, à son infatigable chef. « La perspective de rentrer dans cette nouvelle salle m’enchante, confie Jean-Claude Casadesus. Elle va permettre à notre fidèle public d’apprécier encore plus à leur juste valeur toutes les saveurs, tout la palette kaléidoscopique de sonorités, d’harmonies, de rythmes que nous nous efforçons de peaufiner depuis des années. Cette saison sera marquée d’une pierre blanche puisque nous célébrerons aussi le centième anniversaire de la naissance de Britten, les cinquante ans de la mort de Poulenc, les soixante ans de celle de Prokofiev, et je dirigerai fin juin Le Sacre du Printemps pour les cent ans de sa création au Théâtre des Champs-Elysées. » Une programmation à la hauteur de la nouvelle donne créée par la rénovation de l’Auditorium et d’un engouement pour la musique qui ne s’est jamais démenti en Région Nord Pas-de-Calais depuis trente-sept ans.

Michel Le Naour

Lille, Auditorium du Nouveau Siècle, 9 janvier 2013

Site de l’Orchestre National de Lille : www.onlille.com

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Photo : Ugo Ponte © onl
 

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