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Il Dialogo di Nabucco au Festival d’Ambronay - Envoûtante fluidité - Compte rendu

Après le succès du Diluvio universale de Michelangelo Falvetti (1642-1692), compositeur et ouvrage redécouverts grâce à Leonardo Garcia Alarcon dans le cadre des éditions 2010 et 2011 du Festival d’Ambronay, c’est peu dire d’affirmer que l’on attendait avec impatience la seule autre partition du compositeur italien qui nous soit parvenue complète : Il Dialogo del Nabucco, ouvrage écrit et créé à Messine en 1683, un an donc après Il diluvio.

Si Nabucco se révèle moins spectaculaire, moins théâtral que l’autre oratorio de Falvetti, il n’en constitue pas moins une vraie réussite et témoigne même d’un art plus abouti. Tandis que Il diluvio, en dépit de ses grandes qualités dramatiques, ne peut faire oublier ses subdivisions, Nabucco frappe en effet par son envoûtante fluidité ; le naturel avec lequel les épisodes s’enchaînent.

Dès le Prologue, majestueuse et suggestive évocation du fleuve Euphrate, le ton est donné et, parvenu au bout de la soirée, on maudira d’ailleurs le fichu entracte venu entre temps interrompre la progression dramatique qui porte une réalisation aussi concise que Il diluvio (1h20 environ).

On n’en boudera pas pour autant le bonheur d’une résurrection (1) menée avec autant de passion que de sensibilité par Alarcon (photo) à la tête de sa Capella Mediterranea. Parallèlement à l’instrumentarium baroque, des instruments « exotiques » (ney, duduk, kaval, etc.) sont utilisés comme dans Il diluvio et le « métissage » fonctionne sans doute mieux encore.

Le ténor Fernando Guimarães (photo) campe un roi des Chaldéens plein de noblesse avec une grande homogénéité vocale, au sein d’un plateau de belle tenue où Caroline Weynants incarne une fervente Anina (admirable air « Tra le vampe… » ! ). Du côté masculin, Alejandro Meerapfel (Daniele) et Matteo Bellotto (le fleuve Euphrate) méritent bien des compliments aussi, mais on doit hélas regretter le manque de projection et d’héroïsme de Fabian Schofrin en Arioco.

D’une perfection et d’un engagement permanent, le Chœur de chambre de Namur confirme, s’il en était besoin, sa place parmi les toutes premières formations du genre. Avouons que Alarcon à l’art de motiver se troupes : il n’est que constater, côté continuo, l’enthousiasme du jeune et fabuleux théorbiste Thomas Dunford pour s’en convaincre. Magnifique entrée en matière pour un festival qui se prolonge jusqu’au 7 octobre.

Alain Cochard

(1) A laquelle il faut aussi associer les musicologues Fabrizio Longo et Nicolo Maccavino

Ambronay, abbatiale, 14 septembre 2012
(Retransmission en différé sur France Musique le 29 septembre à 19h 30)

Festival d’Ambronay du 14 septembre au 7 octobre 2012
www.ambronay.org

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Photo : DR
 

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