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« I Got Rythm » par David Lively – Le Disque de la Semaine

Un simple coup d’œil à la discographie de David Lively suffit pour comprendre que le pianiste franco-américain n’a pas le goût des enregistrements passe-partout (il s’est aventuré entre autres dans les Concertos de Busoni, Marx et Furtwängler ou dans la musique de chambre de Huybrechts). Le récital « I Got Rythm » qui paraît ce 26 janvier (1) offre une nouvelle illustration de sa curiosité. Dans les lignes de présentation de son programme, celui qui s’est installé de ce côté-ci de l’Atlantique alors qu’il n’avait que 16 ans ne cache pas la nostalgie qui l’a conduit à ce retour aux sources de la musique américaine.

Scott Joplin : Maple Leaf Rag (ext.)

Survol d'un siècle de musique : de l’illustre et si avenant Maple Leaf Rag de Scott Joplin – premier titre de l’édition musicale à avoir dépassé un million de ventes – à Caténaires d’Elliot Carter – dans une interprétation proprement vertigineuse – Lively compose un album musical aussi équilibré que contrasté, l’un de ces disques qui vous hameçonnent l’attention dès la première plage et de ne la lâchent plus jusqu’à leur terme. Comment résister en effet à la solaire énergie du Souvenir de Porto Rico ou du Banjo de Louis Moreau Gottschalk, à la maîtrise et au tonus avec lesquels est mené le bref Some Southpaw Pitching de Charles Ives ?

Gershwin : I Got Rythm (ext. Songbook)

On ne goûte pas moins une douzaine d’extraits du Songbook de Gershwin : dire que Lively joue dans son arbre généalogique revient à enfoncer une porte ouverte, mais le résultat s’impose, admirable de tact, de charme et d’esprit. Et avec quelle palette de couleurs l’interprète rend-il justice à chacune des miniatures qu’il aborde, là comme dans les Four Blues de Copland, pas moins caractérisés que les Excursions de Barber, recueil que l’on n’a pas souvent entendu mené avant autant d’imagination sonore.

Barber : Excursions op. 20, n° 4 Allegro molto (ext.)

Le Hoedown tiré des Five Chromatique Dances de William Albright, d’une foisonnante liberté, deux Carter d’anthologie (Intermittences et Caténaires) et – cerise sur le gâteau et clin d’œil à Joplin – l’entêtant et plus que tonique Serpent Kiss –Rag Fantasy de William Bolcom couronnent un récital d’une cohérence admirable. « Un voyage », écrit David Lively ; une fête aussi !

Elliot Carter : Caténaires (ext.)

De quoi attiser l’envie de retrouver le pianiste en concert, le 26 janvier à Gaveau, dans programme partagé entre Europe et Etats-Unis puisque les Sonates n° 2 WoO 47, « Waldstein » et « Clair de lune » de Beethoven y tiennent compagnie à des pages de Gottschalk, Barber, Ives, Gershwin, Bolcom et Carter.

Alain Cochard

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(1) 1CD La Música LMU011, distribution Harmonia Mundi

David Lively, piano
Œuvres de Beethoven, Gottschalk, Barber, Ives, Gershwin, Bolcom & Carter.
26 janvier 2018 – 20h30
www.sallegaveau.com/spectacles/david-lively-piano

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