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Herculanum de Félicien David à l’Opéra royal de Versailles - Travaux d’Hercule - Compte-rendu

On ne sait, pour cette résurrection d’Herculanum à l’Opéra royal de Versailles, s’il faut admirer ou se lamenter. Notre cœur balance… Car tout commence assez mal : une musique flonflon mais tonitruante, un livret plan-plan qui aligne ses poncifs, pour cet opéra créé en 1859 sur la scène lyrique impériale et officielle parisienne. À croire que la formule du Grand Opéra ne convient pas à Félicien David (1810-1876), une tentative qu’il ne renouvellera d’ailleurs pas. C’est un compositeur pourtant estimable, dont l’oratorio Le Désert, mieux connu, les opéras-comiques Lalla-Roukh et Christophe Colomb (qui sera recréé pour sa part au prochain Festival Berlioz de La Côte-Saint-André), ou les pages de musique de chambre, semblent mieux parler de son talent.
 
On en était ainsi de nos réflexions dépitées, quand le quatrième et dernier acte vient (presque) tout racheter, dans une ardeur véritable, un entremêlement de passions, de voix et d’orchestre assez saisissant. Cette histoire tarabiscotée de conflit entre chrétiens et païens dans la Rome antique (avec Satan en personne !), prend alors son sel, dans le prétexte de la catastrophe annoncée, cette destruction par les laves de la cité impie. Il n’en reste pas moins, si l’on peut louer le travail de restauration de la partition par les soins de l’équipe du Palazzetto Bru Zane, que l’on se demande s’il valait vraiment la peine de ressortir de l’oubli un opéra aussi bancal.
 
Car on ne peut, également, que saluer la peine que se donnent les interprètes : une Véronique Gens parfaite, comme toujours, d’une projection nerveuse et intense ; un Edgaras Montvidas très en voix, ténor qui s’annonce pour une belle carrière ; un Nicolas Courjal ardent, tout comme Julien Véronèse ; une Philharmonie de Bruxelles (dite “ Brussels Philharmonic ”) et un Chœur de la Radio Flamande de bon aloi. Le tout sous la battue énergique dont Hervé Niquet est coutumier. Beaucoup d’efforts donc, pour un ouvrage qui n’en méritait peut-être pas tant. (Un enregistrement devrait suivre, pour qui souhaiterait approfondir la question.)
 
Pierre-René Serna
 
David/Méry : Herculanum (version de concert) – Versailles, Opéra royal, 8 mars 2014.
 
Photo : Nathaniel Baruch

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