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Gil Shaham joue le Concerto de Walton - Un violon radieux - Compte-rendu

La musique concertante pour violon du XXe siècle est gâtée en ce début d’année à Paris. Peu après le mémorable doublé Szymanowski de Frank Peter Zimmermann avec Christian Vasquez et un Philhar des grands jours, Gil Shaham vient d’offrir un merveilleux Concerto de Walton avec l’Orchestre de Paris, dans le cadre d’une résidence dédiée à des opus rares du XXe siècle – c’est le moins que l’on puisse dire s’agissant de l’ouvrage du compositeur anglais.

Qu’il fasse équipe avec un pianiste ou un orchestre symphonique, le violoniste israëlien est le même, épris de dialogue au point que l’on se situe toujours avec lui dans le domaine de la musique de chambre. Le show, les mouvements de menton, à d’autres : tourné vers l’orchestre qui lui tisse le plus bel écrin, Shaham explore avec amour le Concerto en si mineur de William Walton, ouvrage tout imprégné de lumière italienne écrit en 1938-39 à la demande de Jasha Heifetz. Une musique foncièrement heureuse – n’est-ce pas là finalement la vraie raison de son peu de succès ? -, dont l’interprète prend soin de ne jamais forcer le lyrisme. Tout est dit avec un tact infini et, même si partition de Walton ne se range pas parmi les chefs-d’œuvre absolus de la littérature concertante, on cède immanquablement au charme d’un archet aussi radieux. Gavotte en rondeau et Sarabande : en bis, Shaham gratifie son public de deux Bach d’une incroyable pureté.

Au pupitre Yoël Levi (qui remplace Sakari Oramo, souffrant) montre une belle maîtrise d’une œuvre qu’il a jouée il y a peu en Israël avec le même soliste et sait porter le chant inimitable d’un vrai prince du violon.

Après le Finlandia de Sibelius qui ouvrait la soirée de roborative façon, Levi dirige en seconde partie la 5ème Symphonie de Prokofiev. Son interprétation puissante et fermement conduite (bel Adagio) manque sans doute d’un peu d’angles pour totalement convaincre, mais c’est là un répertoire que l’acoustique frontale et opacifiante de Pleyel n’aide guère il est vrai…

Quant à Gil Shaham, il sera de retour à l’Orchestre de Paris les 14 et 15 décembre prochains, dans le Concerto de Barber, sous la baguette de James Conlon.

Alain Cochard

Paris, salle Pleyel, le 6 avril 2011

Photo © Rose Palmisano

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