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Georges Prêtre et les Wiener Philharmoniker - Liberté partagée - Compte-rendu

Georges Prêtre n’a plus rien à prouver. A la tête des Viennois, il reste fidèle à lui-même : bien campé sur ses jambes malgré ses 88 ans passés, il sait, par expérience, tel un cavalier, tenir sa monture et lui laisser un espace de liberté sans jamais lâcher la bride. Ses options sont assumées sans pourtant empêcher l’orchestre de s’exprimer, permettant aux instrumentistes de s’épanouir et de garder leur identité Mitteleuropa.

La Septième Symphonie de Beethoven ne court jamais la poste et s’attache à diversifier les climats au risque, parfois, de paraître trop contrastée (l’Allegro con brio final), mais quelle émotion et quel lyrisme dans l’Allegretto ! Plus sensible là encore aux jeux de lumière qu’à la rythmique propre, la Suite de L’Oiseau de feu de Stravinski (version 1919) perd en alacrité ce qu’elle gagne en sensualité (Berceuse). On pourra discuter ce Boléro de Ravel – dédié à son fils Jean-Reynald, récemment décédé – au caractère fluctuant, aux rubatos très appuyés, mais aussi y trouver des qualités chorégraphiques -qui sont au départ les siennes… - où la narration l’emporte sur la pure abstraction des timbres.

L’enthousiasme du public est à son comble pour les deux bis : une Valse de l’Empereur expressionniste et une Tritsch-Tratsch Polka enlevée et peu orthodoxe par des effets soulignés, ce qui prouve bien que Georges Prêtre ne fait que ce qu’il veut, même avec les redoutables Wiener Philharmoniker. Au fil des ans, le maestro français est devenu l’un des leurs.

Michel Le Naour

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 14 janvier 2013

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Photo : DR
 

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