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François-Frédéric Guy joue Beethoven au TCE – Simplicité et humanité - Compte-rendu

C’est au Printemps des Arts de Monte-Carlo que François-Frédéric Guy doit l’organisation du récital qu’il vient de donner au Théâtre des Champs-Elysées. Au festival monégasque et à son directeur, le compositeur Marc Monnet, il doit surtout d’avoir pu - d’avoir osé - se lancer il y a quelques années dans l’intégrale des 32 Sonates de Beethoven en concert. Une exaltante entreprise qui a abouti il y peu à la sortie d’un coffret de 9 CD chez Zig-Zag Territoires.

Qu’il ait choisi un programme tout Beethoven pour ce qui constituait son premier récital au TCE n’aura donc étonné personne. Sonate « Clair de lune » : tâche délicate pour un pianiste que d’emprunter - en début de soirée de surcroît - un chemin que tant d’autres ont fréquenté avant lui. Avec raison, François-Frédéric Guy se garde de la tentation de «chercher à faire différent». On est pris par la musicalité d’une conception qui ne se trompe pas sur la nature profonde d’une œuvre datée de 1801 : aucune surcharge dans l’Adagio sostenuto ; d’un bout à l’autre de la partition simplicité, naturel et franchise font mouche. Suit la merveilleuse 15ème Sonate « Pastorale » que l’interprète explore avec une variété dans les coloris et une souplesse dans les transitions qui attestent sa compréhension intime d’un opus trop rare dans les récitals.
 
Après la pause, François-Frédéric Guy retrouve une vieille connaissance : la Sonate n° 29 « Hammerklavier », qu'il fréquente depuis ses débuts. Toute l’énergie, la foisonnante richesse d’un opus d’une incroyable audace pour son temps sont bien là, mais on ne trouve pas une once de monumentalité hautaine. Le pianiste a donné plus de quatre-vingt fois déjà cette œuvre-monde en concert : son émerveillement demeure intact et sa maîtrise tant digitale qu’intellectuelle se place tout entière au service d’une humaine grandeur. Au « regardez comme c’est compliqué et difficile », François-Frédéric Guy préfère le «suivez-moi, je vais vous montrer comme c’est beau ». La qualité d’écoute et la réaction du public démontrent qu’il vise juste.
Trois bis suivent : l’Andante de la 15ème Sonate, l’illustre Für Elise et – à la mémoire de Claudio Abbado – une Mort d’Isolde qui, par sa densité poétique et son rejet de tout effet, conclut idéalement la soirée. 

Alain Cochard

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 28 janvier 2014

Photo © DR

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