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François Dumont, Christoph Altstaedt et l’Orchestre Pasdeloup à la Philharmonie – Humeurs contrastées –Compte-rendu

Pour son programme « Romantismes » à la Philharmonie de Paris, l’Orchestre Pasdeloup a misé sur deux jeunes interprètes. Le chef allemand Christoph Altstaedt (photo), remarqué au Concours Evgeny Svetlanov en 2010, s’est déjà fait un nom dans le domaine de l’opéra et a été entre autres remarqué à Glyndebourne ou à la Deutsche Oper am Rhein. Quant à François Dumont, il compte parmi les pianistes français de la nouvelle génération les plus demandés, après avoir été lauréat de différentes compétitions (Reine Elisabeth, Varsovie, etc.)
 

François Dumont © Joseph Berardi 

En ouverture, on découvre les nos 2 et 3 des Cinq Miniatures (2013) d’Elżbieta Sikora (née en 1943), une commande de la Radio Polonaise. Ces brefs moments contrastés témoignent d’une véritable connaissance de l’orchestre dans une alternance d’humeurs multiples savamment agencées, que C. Alstaedt sait traduire avec précision.
Dans le Concerto en la mineur de Schumann, le soliste fait montre de flexibilité et se sent à son aise, soutenu par un accompagnement qui ne cherche jamais à s’imposer de manière conquérante. Sans se mettre en avant mais avec une assurance constante (en particulier dans la longue et si difficile cadence de l’Allegro molto initial), F. Dumont entretient une douce et tendre intimité dans l’Intermezzo et se projette de manière inexorable dans l’Allegro vivace d’une pulsation régulière et convaincante. Bis généreux, les Sarabande et Gavotte de la Suite Anglaise n° 3 de J.-S. Bach confirment les affinités du pianiste avec un auteur auquel il a consacré deux remarquables enregistrements (pour le label Artalinna). A propos d’actualité discographique, signalons que F. Dumont signe (pour Aevea) un très bel album Moussorgski rassemblant les Tableaux d’une exposition et des pièces rares du Russe (1).
 
Après l’entracte, la Symphonie n° 4 de Brahms appelle une lumière sensuelle et des couleurs qui manquent quelque peu à une interprétation aux tempi justes mais sans la souplesse attendue. L’engagement des différents pupitres sous une baguette encore un peu verte ne suffit pas à donner l’impression de densité et de profondeur consubstantielle au compositeur allemand. On reste somme toute sur sa faim, C. Altstaedt ne parvenant pas à transcender la partition et à en traduire la nécessité intérieure.

Prochain rendez-vous avec l'Orchestre Pasdeloup à la Philharmonie, le 23 mars, dans un programme tout Richard Strauss, avec Stéphanie d'Oustrac en soliste et sous la baguette d'un maestro bien connu des habitués de la phalange parisienne : Wolfgang Doerner.
 
Michel Le Naour

(1) AEVEA AE18080
 
Paris, Philharmonie, Grande Salle Pierre Boulez, 24 février 2019 //
Concert du 23 mars : concertspasdeloup.fr/ZARATHOUSTRA.html

Photo © Peter Gwiazda

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