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Festival Sinfonia en Périgord – Nouveaux regards

« Les indicateurs de fréquentation sont bons sur l’ensemble des concerts » : à quelques jours du lancement du 26e Festival Sinfonia en Périgord, le 22 août, David Théodoridès (photo), directeur de CLAP (Culture Loisir Animation  Périgueux), envisage l’édition 2016 avec optimisme. L’heure du bilan n’est pas encore venue mais, à l’évidence, la manifestation a su capitaliser sur le succès d’un 25e Festival marqué par une considérable hausse de la fréquentation.

Nul doute que les auditeurs qui avaient souscrit aux propositions de l’an dernier trouvent leur bonheur dans une programmation 2016 ouverte à des ensembles jeunes mais déjà largement reconnus qui, selon D. Théodoridès, « apportent un regard décoiffant sur la musique ancienne. » L’ensemble vocal Aedes et la compagnie La Tempête comptent parmi ces nouveaux venus sur la scène musicale, à leur aise dans la musique ancienne aussi bien que contemporaine. Le directeur artistique de Sinfonia s’avoue également très séduit par les formes de concert originales qu’ils proposent parfois.
Ainsi, après une apparition remarquée l’an dernier, La Tempête est de retour pour des Vêpres de Monteverdi ... mises en espace et en lumière, avec des projections vidéo de séquences chorégraphiées. Un spectacle que le directeur artistique a monté en étroite collaboration avec Simon Pierre Bestion et qui augure d’un de ces nouveaux regards sur les œuvres auxquels il aspire pour son festival.

Quant à la soirée Bach avec Aedes et l’ensemble Les Surprises, tous emmenés par Mathieu Romano, elle se présente sans doute de façon plus traditionnelle, mais gageons que la Passion selon Saint Jean sous la conduite d’un chef connu pour son souci d’expressivité constituera l’un des temps forts de Sinfonia 2016.

On n’attend pas avec moins de curiosité les pages sacrées de Vivaldi que donneront l’Ensemble Pulcinella d’Ophélie Gaillard et la Maîtrise de Radio France – portée au niveau que l’on sait par Sofi Jeannin. La musique du Rosso avec des voix d’enfants et d’adolescents ? «  J’ai été immédiatement séduit par la proposition d’Ophélie, reconnaît David Théodoridès ; il y a là une forme de fraîcheur, de verdeur, qui me plaît beaucoup. »

La place accordée par Sinfonia à toute une nouvelle génération d’interprètes n’exclut pas la présence de formations installées dans le paysage de la musique ancienne depuis longtemps. Tandis que Sagittarius s’apprête mettre un terme à ses activités à la fin de l’année, Sinfonia en Périgord ne pouvait oublier Michel Laplénie et son ensemble. Un hommage à un pionnier et à un ami de longue date du festival.
« Il était important qu’il soit là, confie D. Théodoridès. La première apparition de Michel Laplénie et de Sagittarius à Sinfonia remonte à il y a vingt-quatre ans. Michel fait partie de ces artistes qui ont ouvert des portes ; je pense à son travail sur la musique de Schütz, longtemps perçue comme austère. Sagittarius a beaucoup fait pour sa redécouverte. Je garde un formidable souvenir d’une interprétation lumineuse des Psaumes de David lors de la première venue de l’ensemble au Festival. » Le dernier concert de Sagittarius à Sinfonia, et l’un des derniers de l’ensemble, sera l’occasion pour D. Théodoridès de « réaliser l’un de ses rêves de directeur artistique : programmer le cycle Membra Jesu Nostri de Buxtehude ; une musique qui allie exubérance et introspection. »

Mais Michel Laplénie - qui a autrefois été le professeur de D. Théodoridès à Paris, rue de Madrid - conservera un moment encore des liens avec Sinfonia. A la tête du Chœur Dordogne en Sinfonia depuis sa création en 2008, le chef continuera de le faire travailler la saison prochaine. C’est d’ailleurs à cette formation amateur que revient la soirée d’ouverture du 26ème Festival, dans des œuvres de Tomas Luis de Victoria.

Longue fidélité aussi que celle de Sinfonia envers Hervé Niquet et son Concert Spirituel, renforcée par le statut d’«ensemble associé » dont il aura bénéficié sur la période 2014-2016. Première dans l’histoire du festival, ce lien privilégié permet, selon D. Théodoridès, « de travailler, de réfléchir à des projets sur la durée ; il s’agit presque d’une co-construction. Une belle relation s’est nouée, avec le festival et son public.» Un programme Vivaldi par les Solistes du Concert Spirituel et une soirée « Impressions d’Italie » (Lorenzani, Benevolo, Charpentier) sont au menu de cette dernière année « en association », mais on reverra vite sûrement Hervé Niquet et ses troupes à Périgueux.

Depuis quelques années déjà les croisements entre musique ancienne et création contemporaine constituent un axe très important de la politique artistique d’un directeur qui « fait le pari que ce mélange entre les deux répertoires est la meilleure façon pour un public non spécialiste de musique contemporaine de s’ouvrir à un langage actuel ». D. Théodoridès n’a pas eu l’ombre d’une hésitation lorsque Ffabrique Nomade et France Festivals lui ont proposé d’inviter l’ensemble vocal Mora Vocis dans un programme « Mater Dolorosa – Femmes au Tombeau » réunissant des musiques des XIIe et XIIIe siècles et des pages de Caroline Marçot, Klaus Huber et Ivan Moody – une manière singulière d’aborder le thème de la féminité en musique.

On a souligné plus haut l’ouverture de Sinfonia en Périgord aux interprètes de la nouvelle génération. Elle s’affirme plus encore depuis 2010, qui vit le lancement d’une série de concerts « Jeunes Talents Sinfonia ». C’est d’ailleurs dans ce cadre que Maïlys de Villoutreys et le Trio Dauphine firent leur première apparition au festival, un concert très apprécié qui a donné envie à David Théodoridès de réinviter ces musiciens cette année dans des pages de Laborde et Rameau.

L’Instrument Grenouille, Stingo Music Club, le duo Gwennaëlle Alibert-Clément Geoffroy, Pizzicar Galante, le claveciniste Justin Taylor : cinq rendez-vous (en entrée libre) composent comme de coutume l’affiche « Jeunes Talents Sinfonia », mais la nouveauté tient cette année à ce que le public dispose d’un bulletin de vote à la fin de chaque concert. C’est donc lui qui choisira (en fonction d’une série de critères d’évaluation précis) l’ensemble ou le soliste que l’on retrouvera en 2017 à Sinfonia en Périgord.
 
Alain Cochard

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26ème Festival Sinfonia en Périgord
Du 22 au 27 août 2016
Périgueux et ses environs
www.sinfonia-en-perigord.com
 
Photo David Théodoridès © DR
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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