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Festival international de Colmar 2025 – Saveurs variées

On avait un temps craint pour son avenir au moment de la pandémie, mais vivifié par l’arrivé d’Alain Altinoglu (photo) à sa direction artistique il y a deux ans, le Festival international de Colmar est reparti de plus belle et s’impose comme l’une des manifestations estivales françaises majeures, très ouverte sur l'Europe compte tenu de sa position géographique.

Alain Altinoglu et l'Orchestre symphonique de la Radio de Francfort en 2023 à Colmar © Bernard Fruhingsholz
L’Orchestre de la Radio de Francfort de retour
Il se veut fête du répertoire symphonique d’abord, avec des rendez-vous attendus dans des œuvres phares, mais parfois aussi des titres plus rares. Attaché à l’Orchestre de la Radio de Francfort et celui de la Monnaie de Bruxelles, Alain Altinoglu a décidé d’établir une alternance s’agissant de la venue de ces formations à Colmar : après la phalange belge l’an dernier, les musiciens allemands que l’on avait tant appréciés en 2023 sont de retour pour les trois premiers concerts du soir.
Si la « Nouveau Monde » de Dvořák placée en seconde partie de la soirée inaugurale n’est plus à présenter, on remarque un commencement original, qui réunit la Symphonie d’instruments à vent de Stravinski et le Concerto pour violoncelle n° 2 « Les Chants de l’aube » de Thierry Escaich sous l’archet de Gautier Capuçon – créateur de l’ouvrage en 2023 à Leipzig. Quant aux deux concerts suivants, on y trouvera Alexander Malofeev dans le 2e de Rachmaninov, puis le trompettiste Sebastian Berner ( 1er Prix du Concours Maurice André 2022) pour le mi bémol majeur de Haydn.

Yuja Wang © Julia Wesel
Concerto explosif !
D’autres dialogues concertants suivront, tel celui de Viktoria Mullova dans le fameux Opus 77 de Brahms avec l’Orchestre philharmonique de Strasbourg et son directeur musical – renouvelé à ce poste il y a peu – Aziz Shokhakimov, ou avec la jeune Alexandra Dovgan sous la baguette de Bar Avni (1er Prix du Concours La Maestra 2024) à la tête du Paris Mozart Orchestra pour le 4e Concerto de Beethoven. Un autre 4e Concerto est au programme, celui (Op. 56) de Nikolaï Kapustin (1937-2020), daté de 1989 et représentatif de la virtuosité nourrie de jazz du compositeur russe. Gageons que Yuja Wang, à la fois soliste et cheffe du Mahler Chamber Orchestra, livrera une coruscante interprétation de cette partition assez ... explosive !
Sans faire partie de l’ADN du festival, le baroque n’est pas oublié : c’est autour de pages de Vivaldi que l’archet de Julien Chauvin et la voix de Team Mead, associés aux forces du Concert de la Loge, emmèneront leur auditoire à Venise.

Bertrand Chamayou © Marco Borggreve
Intégrale Ravel
La musique de chambre et le piano solo n’en occupent pas moins une place importante à Colmar. Figure historique du festival, que d’aucuns ne rateraient pour rien au monde, Grigory Sokolov, après avoir beaucoup fréquenté Purcell, reste dans le répertoire anglais avec un grand florilège Byrd, complété par les 4 Ballades et les 2 Rhapsodies de Brahms.
2025 fête Ravel, et c’est grâce un interprète familier ô combien de l’univers du Français, Bertrand Chamayou, qu’il sera célébré. Avec l’intégrale de sa musique pour piano, un grand voyage poétique s’annonce ...
S’agissant de musique de chambre, les mélomanes ont désormais pris l’habitude des concerts de 18h au théâtre municipal. La série débute en mode pas de côté avec le tonique « Tzuzamen » du Sirba Octet, avant de revenir au répertoire avec des interprètes tels le Quatuor Ludwig, Fanny Clamagirand et Roustem Saïtkoulov, Georgi Anichenko et Anastasia Terenkova, Raphaël Sévère et le Trio Zaïde ou encore le Trio Fratres.

Tom Carré © Jonagraphe
Les belles découvertes du Koïfhus
La musique de chambre et le piano riment aussi avec la découverte de nouveaux talents à Colmar (la manifestation a noué un partenariat avec le CSNMD de Paris) et l’on ne peut que recommander à tous les curieux de suivre le Cycle « Jeunes Talents » à 12h30 au Koïfhus. Respectivement violoncelliste et violoniste, Léo et Luka Ispir (deux lauréats de la Fondation Gautier Capuçon) ouvrent le ban dans un programme varié (de Bach à F. Say, en passant par Ravel), suivis d’Ayano Kamei (piano), Céleste Klingelschmitt (violon), Johannes Gray (violoncelle), Tom Carré (piano), et Gatien Leray (alto)/Thomas Briant (violon).
Ajoutons que le Koïfhus sera aussi le cadre de deux masterclasses, avec Sebastian Berner (le 6) et Bertrand Chamayou (le 7). La masterclass de direction d'Alain Altinoglu aura quant à elle lieu le 8 au Conservatoire. (1)

Le "Symphonic Mob" 2024 au Champ de Mars © FIC - Bertrand Schmitt
L’indispensable "Symphonic Mob"
Pour ajouter aux saveurs variées et à l’atmosphère accueillante qui caractérisent le festival et sa ville, on n’oubliera pas de rappeler le « Concert famille » de l’Orchestre national de Mulhouse (l’inoxydable Pierre et le loup avec Julie Depardieu en récitante, sous la baguette de Katharina Morin), le programme vitaminé du Janoska Ensemble, celui, fort tentant aussi, entre Holst (Les Planètes arrangées pour cuivres) et les musiques de films, du Belgian Brass, le « Colmar Symphonic Mob » qui réunira des centaines de musiciens et chanteurs amateurs sur la place du Champ de Mars, sous la baguette de d’Alain Altinoglu et, enfin, la tout aussi rituelle carte blanche à ce dernier : la soirée de clôture le verra entourés de nombreux amis dans un programme contrasté aux allures de feu d’artifice musical.
Alain Cochard

(1) Les masterclassses se déroulent toutes trois de 10h à 13h
Festival international de Colmar 2025
Du 3 au 14 juillet
Eglise Saint-Matthieu – Théâtre municipal – Koïfhus – Place du Champ de Mars
https://www.festival-colmar.com/en/2025-programm
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