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Festival d’Opéra des Arènes de Vérone 2023 – Fastueux centenaire

 

Les gradins sont imprégnés de grandioses clameurs, celles du public, passionné, celles de tous les chanteurs de la planète, italianisants de préférence, depuis que l’Arène de Vérone, construite au 1er siècle de notre ère, s’est muée en temple de la vocalité. Et cela depuis 1913, lorsque la cité du fameux balcon de Roméo et Juliette se lança dans la célébration de l’art lyrique. En fait un siècle de soirées fébriles, émouvantes, plongeant au cœur de l’identité italienne, avec juste dix années d’interruption dues aux deux guerres mondiales et à la pandémie. A la houlette de ce centenaire, la fine Cecilia Gasdia (photo), qui fut une merveilleuse Traviata, et dont Vérone est toute la vie, puisqu’elle y est née, y a travaillé comme figurante, puis dans les chœurs avant de devenir la vedette que l’on sait, et dirige aujourd’hui la Fondation de l’Arène.

Le Festival célèbrera en quatre titres le plus grand génie de l’opéra italien, Verdi, outre Rossini, Puccini et notre Bizet. Des évidences pour lesquelles il propose de faire partager de grands souvenirs avec des mises en scènes historiques, comme celles de Zeffirelli pour Carmen et La Traviata, mais tient à ouvrir sur une nouvelle production signée Stefano Podo d’Aïda, le titre le plus emblématique de la manifestation, admirablement adapté aux proportions phénoménales de l’amphithéâtre, lequel peut accueillir 15000 personnes, et sur lequel s’ouvrit le Festival en 1913.
 

© Ennevi

Bien sûr, il n’y aura plus Callas, mythique Gioconda de 23 ans en août 1947, ni Tulio Serafin, maître absolu de l’opéra italien, ni Gigli, ni Lauri-Volpi, ni Pavarotti, ni Scotto, légendes gravées ici dans la pierre, avec des centaines d’autres. Mais Cecilia Gasdia a frété le meilleur de la galerie contemporaine en matière de gosiers rutilants: Netrebko, Kaufmann, Sierra, Rachvelishvili, Tézier, Alagna, et offre les modestes débuts en ce lieu, d’un ténor plein d’avenir, Juan Diego Flórez ! Avec les excellents chefs lyriques que sont Daniel Oren et Marco Armiliato. Outre une soirée d’hommage autour de Plácido Domingo, figure tutélaire du festival, où il a enflammé les foules depuis des décennies, et délicieux cadeau ,la participation du groupe Roberto Bolle and Friends pour une soirée danse, laquelle s’est infiltrée dans l’arène. Avec pour une fois la présence, en un gala exceptionnel, de l’Orchestre de la Scala et de Riccardo Chailly, voilà qui a de quoi faire frémir les éventails, déployer les mouchoirs, et dévorer les gelati avec passion en sortant de ces soirées inoubliables.

 
Jacqueline Thuilleux
 

 Festival d’Opéra des Arène de Vérone, 16 juin au 9 septembre 2023 // www.arena.it 
 
Photo © Ennevi

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