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Festival d’Husum - Le piano autrement

Depuis la fin des années quatre-vingt, la jolie bourgade d’Husum, patrie de Theodor Storm et capitale du Nordfriesland, est devenu incontournable pour le mélomane curieux. Un étrange festival de piano – un anti-La Roque-d’Anthéron en quelque sorte – se déroule sur une semaine dans le cadre paisible du château local.

Un festival non pas dédié au culte des pianistes - quoique… - mais au répertoire rare, aux oeuvres les plus méconnues mais aussi souvent les plus virtuoses d’un corpus inépuisable dont n’est jouée habituellement que la part émergée de l’iceberg. Depuis sa fondation par Peter Froundjian, le Festival d’Husum est resté fidèle à cette ligne de conduite et les sept concerts de l’édition 2009 n’y dérogent pas. Husum c’est aussi l’occasion de se familiariser avec des artistes hors norme : Marc-André Hamelin, Geoffrey Douglas Madge et tant d’autres s’y sont fait d’abord un nom par l’originalité de leur répertoire.

Et cette année encore on en découvrira certains : Jonathan Plowright pour un ensemble de transcriptions d’œuvres de Bach rarissimes ou Jonathan Powell avec un programme d’œuvres inconnues (en tous cas de nous) signée Kornouth, Conus ou Medins.

Quelques artistes plus repérés prennent des sentiers aventureux : Arthur Pizarro tente de faire répondre France et Portugal : Tournemire (Le Poème mystique), Schmitt et Pierné en regard de Viana da Motta et d’une kyrielle de ses concitoyens ; Janice Weber fait voisiner la Première Sonate de Schulhoff et la grande Sonate de Bloch qu’il faut absolument connaître. Eliane Rodriguez nous embarque dans une croisière transatlantique entre le Brésil et l’Europe où Villa-Lobos est évidemment au rendez-vous et Denis Pascal, le Français de l’étape, a composé un pénétrant échange franco-anglais : la Ballade de Koechlin, le Prélude, récitatif et final de Tony Aubin, la 2e Ballade de Joseph Holbrooke, autant de découvertes à faire.

Le programme de Nina Tichman vaut surtout par la seconde Sonate de Samuel Feinberg alors que Konstantin Scherbakov donne dans le rare certes, avec la Java Suite de Godowsky ou les Airs et Danses antiques de Respighi, mais aussi dans le virtuose repéré avec la 2e Symphonie de Beethoven transcrite par Liszt. Une entorse à la règle maison qu’on lui pardonne d’avance.

Jean-Charles Hoffelé

Festival d’Husum
Du 15 au 22 août 2009
www.piano-festival-husum.de

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Photo : DR
 

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