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Felicity Lott et ses amis au musée d’Orsay – Savoureux bestiaire – Compte-rendu

Felicity Lott avait carte blanche pour conclure la saison musicale de l’Auditorium du Musée d’Orsay. Entourée d’amis, la soprano a choisi d’honorer La Fontaine et son fameux illustrateur Gustave Doré (en écho à l’exposition « Gustave Doré : L’imaginaire au pouvoir »), mais également de concocter un vaste et savoureux bestiaire musical avec l’aide du pianiste Maciej Pikulski.
 
Saluons tout d’abord le talent du comédien Alain Carré, croquant avec humour et gourmandise chacune de ses interventions, qu’il s’agisse de « La cigale et la fourmi », du « Corbeau et du renard » ou du « Héron », magistralement contés. Sourire au lèvre, vocalement toujours allègre et interprète jusqu’au bout des ongles, la cantatrice britannique alternait avec espièglerie Audran et le Bestiaire de Campo (composition un rien rébarbative et peu reposante pour la voix, créée par ses soins il y a quelques années à Radio France). Elle a fait glousser de rire le public avec un drôlissime « Duo des Dindons » extrait de La mascotte d’Audran, en compagnie de Damien Pass.

Damien Pass / photo © DR

Le jeune baryton australien a su imposer son naturel et sa parfaite maîtrise de la langue dans trois des Histoires naturelles de Ravel, d’après Jules Renard, puis dans une amusante « Ménagerie de Tristan » signée Joseph Kosma sur des textes doux-dingues de Desnos.

A Eric Huchet dont on connaît la faconde revenait Offenbach, tout d’abord trois fables de La Fontaine ciselées avec goût et plus tard Kosma avec une inénarrable «Pêche à la baleine » sur des paroles de Prévert. La présence à leur côté de Mireille Delunsch était une jolie cerise sur un gâteau fort bien pâtissé, mais la chanteuse indisposée n’a malheureusement pu livrer qu’une part réduite de ses moyens : dans trois fables de La Fontaine tout d’abord, visitées par Lecocq, puis dans quelques mélodies de Chabrier, avant de rejoindre ses comparses pour une version sur mesure de « Deux escargots s’en vont ... » de Prévert et Kosma.

Seul bis accordé, un « Duo des Chats » d’abord féminin puis bientôt mixte, grâce aux onomatopées rossiniennes ajoutées par ces Messieurs, sous l’œil et les doigts avisés de Maciej Pikulski. Jubilatoire !
 
François Lesueur
 
Paris, Auditorium du musée d’Orsay, 5 juin 2014

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