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Excellence lyrique et chlorophylle - Festival d’opéra de Münich


Parlons franc : si vous voulez entendre Wagner privé de gosiers, allez à Bayreuth, si vous voulez voir Salzbourg errer vers une nouvelle politique artistique pas encore atteinte allez y et remboursez vous avec les paysages. Sinon, si vous voulez séjourner dans une vraie capitale de l’art musical, profiter de son grand parc, partir musarder dans ses campagnes sublimes, vous sustenter délicieusement, boire et voir du nouveau, vous ravir de baroque, vous gaver de musées, et le soir, au théâtre, vous faire projeter de votre fauteuil par le simple battement de votre cœur, un seul mot d’ordre : allez chercher vos pénates estivales dans la chlorophyllique, la rayonnante, la tendre et brillante Munich.

On y a usé nos fonds de culottes d’adolescent, on y a fait notre culture de voix (Varady, Fassbaender, tant d’autres) et de baguettes (Böhm, Sawallisch !), et de vrai théâtre de répertoire : Mozart, Strauss, les grands Verdi sauvés des débâcles péninsulaires, et des raretés qu’on ne voyait pas ailleurs (le Palestrina de Pfitzner entre autres, des Janacek voulus par Kubelik et même en allemand sentant si fort leur Moravie). Ah oui, on s’y est formé le goût et l’intelligence de ce qu’est l’opéra, même quand le Bolchoï y venait, encore singulièrement vivant, pour faire une Dame de Pique hallucinante en mariant Varady et Atlantov. Bref c’est notre vraie madeleine lyrique.

Et cet été le Festival qui concentre l’essence de la saison passée et récite la liturgie de la tradition, vous offrira chaque soir le meilleur, dans des mises en scènes qui n’élucubrent jamais. Qui voudrait se priver d’une Tosca affichant le couple barjo que l’œuvre cherche depuis Callas et Di Stefano : Mattila et Kaufmann ! On entend déjà leur scène de Sant’Andrea della Valle… Qui croirait voir cette rareté absolue, la fulgurante Medea in Corinto de Mayr, défendue par l’incandescente Najda Michael (photo) ? Et ces Dialogues des Carmélites où Soile Isokoski brillera, avec Vernhes et Bernard Richter et Felicity Palmer ? Mozart affiche Don Giovanni, Cosi et les Nozze avec des équipes qui sont de vraies troupes festivalières : Kwiecien en Don et en Comte, Frittoli, Breslik, Kovalevska, Bonitatibus, D’Arcangelo, mieux qu’un gotha, un théâtre, un vrai.

Ajoutez La Femme sans ombre de Nagano et de Kosky (avec Wyn-Rogers, Hawlata, Spence, Borchev,) deux Wagner par des équipes maisons (Tannhäuser, Lohengrin), et côté italien un Don Carlo distribué avec un luxe inouï : Vargas, Pape, Kennlyside, Burchuladze, Guryakova.

Sérieusement, pourquoi aller ailleurs ? Un charmant hôtel de centre ville ; tout à quelques minutes à pied, musique, calme, sérénité. C’est à Munich, et c’est maintenant et jusqu’au 31 juillet !

Jean-Charles Hoffelé

Festival d’opéra de Münich

Nationaltheater

Jusqu’au 31 juillet 2010

Infos : www.bayerische.staatsoper.de

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Photo : DR

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