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Esa-Pekka Salonen et Christian Tetzlaff au TCE - Philharmonia des grands soirs - Compte-rendu

Poursuivant son cycle Bartók au Théâtre des Champs-Elysées avec l’Orchestre Philharmonia, Esa-Pekka Salonen (photo) confirme son affinité avec l’œuvre du compositeur hongrois. Dès la Suite de danses d’une lecture virtuose et d’une remarquable précision de rythmes et d’accents, le ton est donné. Dans le Concerto pour violon et orchestre n°2, Christian Tetzlaff nous fait vivre un moment de grâce. Sa technique implacable, son sens narratif, sa liberté d’expression portent à l’incandescence cette partition rhapsodique d’une âpreté et d’un lyrisme quasi expressionniste. En bis, l’Allemande de la Première Partita de Bach, par son intériorité et sa pureté, se mesure à l’éternité.

Dans le Prélude à l’après-midi d’un faune qui ouvre la seconde partie, Salonen ne recherche ni la sensualité, ni l’envoûtement. Sa vision très claire, aux tempos variés et changeants, se situe dans l’esprit de certains poèmes symphoniques de Sibelius. Les bouffées de timbres et la sensation de serre chaude propre aux interprétations à caractère symboliste, échappe à cette conception dépourvue de volupté. On admire toutefois la subtilité des bois, les couleurs des cordes et le chatoiement d’un orchestre en pleine lumière dont Bartók, admirateur de Debussy, a fait son miel. Contraste saisissant avec la Suite du Mandarin Merveilleux. La direction chorégraphique de Salonen, par sa fluidité et sa clarté, rend justice à l’alchimie sonore bartókienne. Le déchaînement de violence lors du meurtre du Mandarin est d’une puissance cataclysmique à déplacer les montagnes.

Pour conclure, le Galop extrait de la Seconde Suite pour petit orchestre de Stravinski, joué par des musiciens totalement débridés, déclenche un tonnerre d’applaudissements totalement justifié.

Michel Le Naour

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 27 janvier 2012

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Photo : DR
 

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