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DVD : Don Carlos par Chailly/Decker, un spectacle déjà mythique ?

Attention, Willy Decker a probablement trouvé en Don Carlos son opéra de Verdi idéal : crucifix gigantesque, tombeau étouffant font autant de décors où l’âme et le corps sont broyés. La beauté des images n’a d’égal que leur puissance de suggestion. Cette production de l’Opéra National de Hollande a fait courir les lyricomanes de toute l’Europe : outre la mise en scène de Decker, Rolando Villazon y étreignait les culottes bouffantes et le gilet juste au corps de l’infant des Espagnes. La captation, qui grossit tout comme une loupe, accuse un jeu un rien trop outré que la salle rendait idéal.

Ce Don Carlos pusillanime, d’une fragilité psychologique déjà névrotique saisit tout le versant tragique dans lequel l’a poussé Schiller. Une troupe quasi sans failles – d’une Elisabeth fragile, Amanda Roocroft à une Violeta Urmana un peu trop pesante vocalement (elle évoluait déjà vers les falcon), en passant par le Posa trop humain de Dwayne Croft et le Philippe II plus torturé qu’à l’habitude de Robert Lloyd – est transfigurée par la plénitude du Concertgebouw sous la direction visionnaire de Riccardo Chailly qui avec ce spectacle retrouvait enfin les chemins qui mènent à Verdi.

Jean-Charles Hoffelé

 

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