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Don Pasquale de Donizetti au Palais Garnier - Pasquinades et vocalità - Compte-rendu

Ultime nouvelle production de la saison de l’Opéra de Paris, Don Pasquale fait une entrée tardive au répertoire de la Grande Boutique. Juste retour des choses, car le dramma buffo de Donizetti fut conçu et créé à Paris, au tout désigné Théâtre-Italien en 1843, pour ensuite ne cesser de s’inscrire à l’affiche de diverses maisons d’opéra. D’un ton de comédie, mais d’un pessimisme sous-jacent dans ses dehors de raillerie, le livret conte les déboires d’un vieux barbon, éternelle victime de l’opéra buffo italien, amouraché d’une jeune et belle épouse qui lui en fera voir de toutes les couleurs (couleurs vocales incluses). La musique est bien digne du dernier Donizetti, avec une veine allègre et inspirée qui ne se dément pas, perceptible surtout dans de subtils ensembles malgré quelques formules et arias parfois convenus.

© Vincent Pontet

© Vincent Pontet - OnP
 
Au Palais Garnier, cadre propice à cette œuvre légère, la transmission vocale échoit à un plateau de choix, comme de juste dans une pièce où
règne le chant. Nadine Sierra plante une Norina irrésistible de bagout et de colorature (sa cabalette finale), pour ce rôle à effets tant scéniques que vocaux. Michele Pertusi justifie ses états de service à travers un Pasquale livré avec la prestance et l’assurance d’un routier expérimenté. Lawrence Brownlee constitue pour sa part la belle surprise de la soirée, Ernesto lancé d’une délicieuse voix diaphane de ténor di grazia (dans la tradition des ténors fétiches de Rossini ou Donizetti). Florian Sempey se joue des ornements belcantistes en un Malatesta plus vrai que nature. Et pour emporter ce quatuor vocal de la meilleure facture, Evelino Pidò mène son orchestre avec la délicatesse et les sautes d’ardeur appropriées. Bonnes et brèves apparitions du Chœur de l’Opéra de Paris, en petit effectif.
 
Côté mise en scène, la réalisation de Damiano Michieletto laisserait plus dubitatif. La scène se présente vide hors quelques meubles, portes, une toiture stylisée et une automobile des années 60 (déjà maintes fois vue). Après le deuxième lever de rideau, ces mêmes éléments se transmutent, en fonction des frasques dispendieuses de la jeune épouse, mais avec la même parcimonie. Un plateau tournant, des prises de vidéo sur le vif incrustées dans des images projetées, des costumes actuels, façon rappeur pour le jeune Ernesto énamouré ou certains figurants, entre habillages et déshabillages à répétition (également mille fois vus), complètent un tableau peu évocateur. Mais cette absence prosaïque offre tout du moins à laisser libre le jeu des protagonistes, eux des plus expressifs.
 
Pierre-René Serna

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Donizetti : Don Pasquale – Paris, Palais Garnier, 9 juin ; prochaines représentations : 11, 13, 16, 19, 22, 26, 29 juin, 2, 6, 9 et 12 juillet 2018 // www.concertclassic.com/concert/don-pasqualehttp://www.concertclassic.com/concert/don-pasquale
 
© Vincent Pontet - OnP

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