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Don Pasquale au Palais Garnier – Papy Pasquale ! – Compte-rendu

Don Pasquale à l Opéra Garnier

Passé plutôt inaperçu à sa création en juin 2018, le Don Pasquale mis en scène par Damiano Michieletto revient au Palais Garnier pour une série de neuf représentations. Autour de Michele Pertusi qui tenait déjà le rôle-titre la saison dernière, un nouveau trio a été formé pour « appâter » les foules. Le spectacle laisse hélas à désirer malgré un coup de jeune qui aurait dû remporter les suffrages. Avec son ventre en avant, sa calvitie, son pyjama à carreaux et ses charentaises, Michele Pertusi compose un Don Pasquale aux allures shakespeariennes – comment ne pas penser à Falstaff ? – mais, comme dit l’adage, « l’habit ne fait pas le moine » et sous cette carapace la prestation strictement vocale est loin d'emporter l’adhésion. Là où bon nombre de vieilles gloires avant lui ont su tirer leur épingle du jeu par une faconde, une énergie, un sens du théâtre et une vis comica assumée (on se souvient de Gabriel Bacquier à Favart en 1994, débordant de vitalité et encore capable de dépasser les jeunes dans les passages de canto sillabico), tout ici sonne anémié et sans éclat, la basse italienne accusant aujourd’hui un net déficit de moyens. Nouvelle « star » proclamée, Pretty Yende emboîte le pas de sa consœur américaine Nadine Sierra en Norina. La jeune soprano entendue à Paris dans Lucia et Teresa est ravissante, sait minauder, faire la coquette et rendre fou ce vieux barbon qui croit être son mari, mais que son italien est approximatif, sa manière de vocaliser hasardeuse et que la musicienne peine à prendre ses distances, rivée qu’elle est au chef et à moindres de ses gestes.

Don Pasquale à l Opéra Garnier

Michele Pertusi et Javier Camarena © Opéra national de paris / Sébastien Mathé

Heureusement que Javier Camarena vient réchauffer l’auditoire de sa voix caressante et diablement solaire. Mis à la porte par cet oncle insupportable, son Ernesto hésitant, balloté entre l’amour qu’il porte à Norina et son désir de prendre le large – ce sac qu’il ne cesse de faire et de refaire est un gag plutôt réussi – est joué avec beaucoup de naturel, son exécution musicale, parfaite, faisant le reste.

Don Pasquale à l Opéra Garnier

© Opéra national de Paris / Sébastien Mathé

Christian Senn n’est pas Florian Sempey, mais son Malatesta convainc et parvient surtout à éviter les redondances et les lourdeurs trop souvent accolées à ce rôle buffo, dont Damiano Michieletto tente de s’éloigner. Dans un dispositif hich-tech où la maison de Don Pasquale est symbolisée par quelques portes, un toit en tubes de néons et quelques meubles que Norina transformera au second acte en intérieur bling-bling, le metteur en scène installe cette comédie douce-amère où alterne tradition et nouvelle technologie (ah ! ces images vidéos où s’incrustent les personnages sur de faux décors ou paysages !...), sans vraiment servir l’œuvre qui perd de sa fraîcheur sans trouver réellement de véritable souffle. En fosse Michele Mariotti dirige comme si sa vision n’était pas accordée à celle, bâtarde, de Michieletto ; c’est plutôt joli, efficace, mais sans étincelle et sans vraiment d’humour.

François Lesueur

Donizetti : Don Pasquale – Palais Garnier, le 22 mars 2019 ; prochaines représentations les 25, 28 et 30 mars, 2, 6, 10, 13 et 16 avril 2019 // www.concertclassic.com/concert/don-pasquale-0

Photo © Opéra national de Paris / Sébastien Mathé

 

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