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Domaine Privé Henri Dutilleux à la Cité de la musique – Un an déjà

Le 22 mai 2013, Henri Dutilleux nous quittait à 98 ans après nous avoir tant donné en si peu d’œuvres (1). Avec son sens bien connu de l’à-propos, la Cité de la musique rappelle un an après, s’il en était besoin, à quel point il nous manque en lui consacrant un Domaine Privé en quatre concerts.
Il ne faudra pas faire défaut au premier rendez-vous qui paraît le plus modeste sur le papier mais sûrement sera le plus habilement composé. Le vendredi 24 mai (Amphithéâtre, 17h 30 ) Isabelle Druet et Vanessa Wagner invitent à une mise en perspective de l’œuvre de Dutilleux et de ses sources d’inspiration, plaçant en regard des opus rares du premier : les injustement méconnus Trois Préludes pour piano qui sont également des études cachées et rendent un hommage évident à Debussy tout en témoignant du langage de la maturité du compositeur (ils furent écrits dans le sillages de Figures de résonances  (1976), mais l’ultime volet de ce triptyque, Le jeu des contraires, fut ajouté en 1988), et deux mélodies La Geôle et La Chanson de la déportée. S’y ajouteront de Debussy les Chansons de Bilitis, de Ravel le Gibet extrait de Gaspard de la nuit - dont Vanessa Wagner vient d’offrir une très poétique version discographique (2) - et La Mort d’Ophélie de Berlioz, un compositeur que Dutilleux chérissait et dont son orchestre se souvient plus qu’on ne veut bien le souligner.

Le lendemain, David Grimal et sa formation à géométrie variable Les Dissonances (3) donneront en quatuor Ainsi la nuit où les bleus de Van Gogh irisent la graphie des portées du musicien et, en plus grand nombre, Mystère de l’instant ; cordes frottées ou frappées (cymbalum), percussions subtiles, pour élargir le ciel nocturne un peu plus.

Relâche le Jour du Seigneur, mais lundi 26 François-Xavier Roth et ses Siècles se frottent à Muss en sein ?, qui rappelle que Dutilleux fut toujours un beethovénien acharné – le chef mettra les points sur les i en dirigeant la 5ème Symphonie –,  et aux périlleuses Métaboles où le compositeur a concentré son univers sonore. Mais c’est d’abord pour Gautier Capuçon, qui aventure son archet diseur et éloquent dans Tout un Monde Lointain que le concert attire.

Fin de cycle mardi : des élèves du CNSMDP ouvrent la soirée avec la brève et anecdotique Slava’s Fanfare, avant que Krivine et sa Chambre Philharmonique n’interprètent un programme tout Berlioz (Ouverture de Béatrice et Bénédict, Les Nuits d’été, avec Michèle Losier, Symphonie Fantastique).

Jean-Charles Hoffelé
 
(1) Universal France a publié une quasi-intégrale de l’œuvre de Dutilleux dans des interprétations choisies – on y retrouve même la Première Symphonie dirigée par Jean Martinon !  - et assortie d’une notice très détaillée sur la vie et l’œuvre du compositeur sous la plume alerte et avertie d’Henri Fantapié. Un must illustré de très belles photographies (Henri Dutilleux Edition, coffret de 6 CD DG 5345672).
 
(2) Ravel : Ma Mère l’Oye (version deux mains), Pavane pour une infante défunte, Valses nobles et sentimentales, Gaspard de la Nuit (1 CD Aparté)
 
Domaine Privé Henri Dutilleux
Du 24 au 27 mai 2014
Paris - Cité de la musique

Photo © DR

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