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Deux Russes à Paris

En l’espace de deux jours, Boris Berezovsky se produit à deux reprises à Paris, en récital puis en concerto, tandis que peu après Alexandre Paley conclut par une intégrale des sonates (en une journée !) le Festival Mozart initié par Marie-Catherine Girod à Sucy-en-Brie.

A trente-six ans, Boris Berezovsky est l’un des virtuoses les plus étonnants et les plus complets de notre époque. Coup sur coup, il vient de livrer un époustouflant CD d’études de Chopin et de Chopin/Godoswsky (Warner), le premier volume d’intégrale de l’œuvre concertant de Rachmaninov (Mirare) et le Concerto n°4 de Beethoven couplé avec la transcription pour piano du Concerto pour violon du même auteur (Simax).

Berezovsky ne manque pas de souffle, on le sait depuis le départ. Mais ceux qui demeurent sur l’idée de la virtuosité ébouriffée, un peu dispersée parfois, du vainqueur du Concours Tchaïkovski à ses débuts se trompent. Berezovsky a muri, évolué et les deux concerts qu’il donne à Paris sont l’occasion de s’en convaincre. Des études de Ligeti, de Chopin et de Chopin/Godowsky sont au menu de son récital au Louvre. Défi technique énorme, mais par-delà la performance digitale ce sera l’occasion de mesurer la dimension transcendante – au sens lisztien du terme – de la virtuosité sidérante que possède ce pianiste sensible et inventif.

A peine quitté l’Auditorium du Louvre, le virtuose russe retrouve le Théâtre des Champs-Elysées et l’Orchestre National de France (dir. J.P. Saraste) le lendemain dans le 2ème Concerto de Prokofiev. Une partition dont Berezovsky est familier depuis longtemps et qu’il aborde avec une inaltérable passion. Que d’émotions fortes en perspective pour les amoureux de piano !

Hasard de la programmation, Alexandre Paley – un pianiste avec lequel on a pu entendre Berezovsky à deux pianos – se produit à Sucy-en-Brie. Le marathon pianistique qu’il nous réserve (l’intégrale des sonates de Mozart en une journée !) n’est cependant que la conclusion du Festival Mozart qui a débuté le 14 janvier. Organisé à l’initiative de la pianiste Marie-Catherine Girod (1), il permet de retrouver celle-ci en compagnie de nombreux amis musiciens (Quatuor Appleman, Philippe-Olivier Devaux, Marc Drobinsky etc.). Le 22 janvier la pianiste sera ainsi l’interprète du Quatuor avec piano KV 478 et du Concerto n°13 (en version de chambre) avec le Quatuor Appleman. Michaël Appleman retrouve Alexander Paley le samedi 28 janvier dans un programme de sonates pour violon et piano de Mozart, avant que, le dimanche 29, le pianiste ne dévore avec l’appétit qu’on lui connaît l’intégralité des sonates du Salzbourgeois en trois concerts (10h30, 16h, 20h30) ! Une chose est certaine avec ce surprenant interprète : l’image d’un Mozart poudré, emperruqué, platement aimable ne sera pas de mise à Sucy-en-Brie. Tant mieux !

Alain Cochard

Boris Berezovsky. Auditorium du Louvre. 25 janvier 20h.

Théâtre des Champs-Elysées. 26 janvier 20h.

Théâtre des Champs-Elysées, le 28 février 20h. Ensemble Orchestral de Paris. Mozart, Rimski-Korsakov, Salieri. Programme détaillé et réservation

Festival Mozart de Sucy en Brie. Orangerie du Château de Sucy. Les 21 et 22, 28 et 29 janvier. Infos/résa. 01 45 90 25 12.

(1) Rappelons au discophile que M.C. Girod vient de signer ce qui s’impose sans discussion comme la grande version moderne des Romances sans paroles de Mendelssohn ( 2CD Saphir).

Photo : DR
 

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