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De la Provence à l’Europe - 3 questions à Pierre Hommage, violoniste et directeur artistique des Floraisons musicales
Dans quelles circonstances les Floraisons musicales ont-elles été créées en 1997 ?
Pierre Hommage : je me suis lancé dans l’aventure des Floraisons au moment de ma démission du poste de premier violon solo de l’Opéra de Marseille. Lorsque j’étais en classe au CNSM de Paris et que je devais préparer des concours internationaux, etc., la seule personne qui m’aidait à me produire était mon professeur, Christian Ferras, avec lequel j’ai eu la chance de travailler et de nouer une grande amitié. Je souhaitais que les Floraisons soient un festival d’amis et deviennent une manifestation itinérante. Je suis Provençal, Avignonnais d’origine – ville où j’ai commencé mes étude musicales -, et je me rendais compte que dans cette région il y avait de grands pôles culturels, des méga-pôles dirais-je, que l’on connaît bien, et que par ailleurs ce territoire immense était complètement déserté par la culture de qualité, d’excellence.
Il manquait donc à mes yeux un dynamisme et une excellence dans ce vaste territoire provençal, pris au sens large et pas seulement la Région PACA – la Provence va dans la Drôme, dans le Gard. Ce constat, ajouté au fait qu’à l’époque de la fin de mes études j’avais manqué d’offres de concerts sérieux avec une dynamique professionnelle, m’a conduit au projet des Floraisons. Quand on parle de jeunes musiciens en France, on ne pense souvent qu’au sommet de la pyramide, qu’à des valeurs déjà sûres, mais il y a toute une partie de la pyramide qui a besoin de jouer. Aménagement culturel du territoire et coup de pouce à des musiciens qui méritent qu’on les aide à se produire ont donc été mes motivations principales. Ce qui m’intéresse, c’est non seulement d’offrir des concerts à de jeunes artistes, mais aussi de les mettre en relation avec des interprètes plus connus afin qu’ils se construisent un carnet d’adresses de tutoiement, si je puis m’exprimer ainsi.
Quelles mutations les Floraisons ont-elles subi au fil des ans ?
P. H. : Nous sommes demeurés totalement fidèles au schéma de départ. Il faut toutefois noter que la majorité des solistes qui nous rendent visite sont étrangers (60/70%). Il existe en Europe, dans les ex-pays de l’Est entre autres, bon nombre de musiciens fabuleux qui jouent avec de grands orchestres et dont la France n’entend jamais parler car ils n’ont pas de représentation chez nous. Mon souhait était aussi de les faire entendre et le public accueille ce choix avec ferveur : en 2009, 70% de notre public est venu aux Floraisons pour la première fois et nous avons connu une croissance de la fréquentation de 20 % par rapport à 2008. Autre aspect important de notre évolution : l’Europe. C’est là un projet qui me tenait à cœur depuis des années et j’ai eu le plaisir de voir entrer les Floraisons musicales dans l’Association Européenne des Festivals. Chaque année des dizaines de manifestations s’y présentent mais seulement 10/15% d’entre elles sont retenues. L’appartenance à cette organisation apporte une médiatisation immense car l’Association Européenne comprend cent festivals dans le monde et pas seulement dans l’Europe politique que nous connaissons. Ceci nous apporte un public lié à la musique bien sûr, mais à un tourisme de qualité aussi.
Quelle est l’orientation de la 14e édition des Floraisons musicales ?
P. H. : Pour rester sur le thème de l’Europe, de l’ouverture, le thème de l’Association Européenne est « Open the door to Arts and Culture». Faire circuler les œuvres, les artistes, susciter un foisonnement, des découvertes, tel est notre but, mais nous souhaitons aussi présenter la musique de manière différente, comme par exemple lors des Déambulations gourmandes et musicales que nous organisons à Châteauneuf-du-Pape. Les années 2010 et 2011 voient l’aboutissement d’un projet de coopération qui nous amène à accueillir en résidence une dizaine d’orchestres européens. Ainsi, le concert d’ouverture du 27 juin sera donné par l’Orchestre d’Harmonie de Lecce à Chateauneuf-du-Pape. Le 9 juillet à Boulbon et le 10 juillet à Châteuneuf-du-Pape nous recevons le un jeune orchestre espagnol (la Joven Orquesta de Leioa) qui interprètera entre autre le Triple Concerto de Beethoven avec des solistes différents pour chacun des deux concerts.
Chaque édition des Floraisons comporte une moyenne de 30 concerts. Il est à remarquer que cette année nous développons beaucoup le côté « off » avec des rendez-vous (les dîners-concerts au Couvent Royal de Saint-Maximin et les concerts symphoniques de Nouvel An par exemple) qui ne se situent pas durant la période estivale, ni dans la programmation d’un festival situé entre la fin juin et octobre. En additionnant les Floraisons et le « off », nous arriverons à un total de 37 concerts en 2010.
Enfin, nous avons depuis l’an dernier développé un axe musique et danse grâce à « Improvisation Bach », un spectacle que j’ai réalisé avec Marie-Claude Pietragalla - qui danse avec Julien Derouault sur les trois Partitas pour violon de Bach - et que nous reprenons cette année, début octobre. La danse est également présente dans l’édition 2010 avec un programme autour du tango et de Piazzola (le 11 juillet à Moustiers Sainte-Marie par exemple).
Propos recueillis par Alain Cochard, le 21 juin 2010
14e Floraisons musicales
A partir du 27 juin au 17 octobre 2010
Programmation détaillée sur : www.floraisonsmusicales.com
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Photo : DR
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