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David et Jonathas au Festival d’Aix-en-Provence - Triomphe de William Christie - Compte-rendu

Si c’est avec Atys de Lully que William Christie a définitivement assuré le triomphe du mouvement baroque en 1987, le chef d’origine américaine entretient depuis toujours un rapport privilégié avec le grand rival de Lully à Versailles Marc Antoine Charpentier dont il a révélé la Médée. Depuis plus de deux décennies, il a dirigé plusieurs fois en concert l’opéra sacré David et Jonathas commandé à Charpentier par les jésuites du collège Louis le Grand.

Le 64ème Festival d’Aix lui offre l’occasion d’être dans la fosse pour une vraie représentation grâce au metteur en scène allemand Andreas Homoki qui a replacé l’opéra biblique sur sa terre d’origine entre Israël et Palestine. Mais grâce aux décors rigoureux de Paul Zoller, il s’agit moins de moderniser que d’évoquer l’universalité de cette histoire sacrée. Où la machine se grippe quelque peu, c’est avec l’apparition récurrente de la famille (la mère, le père et les deux héros enfants) en lieu et place des divertissements notamment dansés prévus par les jésuites.

Mais la remarquable qualité musicale et théâtrale des interprètes balaye tous les obstacles nous faisant croire à l’invraisemblable. Pédagogue avisé, Bill Christie pratique l’amalgame avec bonheur mêlant les anciens comme le contre-ténor Dominique Visse en parfaite Pythonisse, la basse Frédéric Caton (Achis) ou le baryton gallois Neal Davies en prodigieux Saül aux nouveaux venus du David déchiré du ténor canadien Pascal Charbonneau au Jonathas bouleversant de la soprano portugaise Ana Quintans.

Tout est pesé au trébuchet par l’alchimiste des couleurs qu’est William Christie, maître des distributions équilibrées, et par les Arts Florissants, véritable prolongement des longues mains du chef. Celui-ci appartient au tout petit nombre de ces musiciens capables d’anticiper leur propre émotion pour mieux adapter leurs gestes à l’effet nécessaire. Ces épousailles de l’âme et de la mathématique évoquent le piano de Sviatoslav Richter ou la baguette de Carlos Kleiber.

Jacques Doucelin

Festival d’Aix-en Provence, Théâtre de l’Archevêché, 6 juillet, prochaines représentations : 11, 13, 16 et 19 juillet 2012

Retransmis en direct sur Mezzo le 11 juillet à 21h30 et le 17 juillet à 20h sur France Musique.

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Photo : DR
 

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