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Daniil Trifonov en récital au Théâtre des Champs-Elysées – Avantage Beethoven - Compte-rendu

Le public s’est déplacé en nombre pour écouter celui qui, dans la seule année 2011, rafla le Premier Prix du Concours Tchaïkovski et celui du Concours Rubinstein. Daniil Trifonov ouvre son récital parisien avec l’adaptation lisztienne de la Fantaisie et Fugue en sol mineur BWV 542 de Jean-Sébastien Bach.
On ne peut qu’admirer le calme et la maîtrise parfaite avec lesquelles il explore le dyptique. Les moyens techniques, la richesse de la palette et le sens des plans sonores servent une conception toute de rayonnante musicalité et de naturel. Il en ira de même dans la 32ème Sonate de Beethoven, qui remplace l’Opus 110 initialement prévu. Trifonov ne cherche aucunement à surprendre, mais séduit à nouveau par la foncière simplicité de son propos. A 23 ans seulement, le jeune Russe vise haut sans rien de hautain et déploie l’édifice beethovenien avec une souveraine maîtrise

Un sacré défi musical - et physique ! - attendait Daniil Trifonov en seconde partie : les 12 Etudes d’exécution transcendante de Liszt. On en est sorti sur une impression assez mitigée. La mise en route du cycle, car c’est bien ainsi que le pianiste conçoit les choses, se cherche quelque peu (Etude n° 2 brouillonne et n° 3 « Paysage » un tantinet absente malgré de belles couleurs).
L’interprète redevient plus maître de son sujet par la suite mais … diable !, il s’agit de la musique d’un génial bateleur nommé Liszt et l’on aimerait trouver une dimension plus subjective et plus vertigineuse dans la belle ardeur du virtuose. En s’ennuyant parfois un peu, on se remémorait ce à quoi Bertrand Chamayou, au même âge que Trifonov, parvenait dans un cycle qu’il a énormément joué en public au milieu de la décennie passée. Ce que l'on oublie aujourd’hui, car il était de bon ton à l’époque, dans un certain mundillo pianistique parisien, de prendre le Français d’un peu haut ... Que ne lui prend-il l’envie de revenir aux Etudes.

Alain Cochard

Photo © DR

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 8 novembre 2014

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