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Compte-rendu : Vivica Genaux en récital au TCE - Alarmant


En septembre dernier nous n'avions pas caché nos réserves sur la prestation plus que moyenne, de Vivica Genaux, au moment de la reprise de L'Italiana in Algeri au Palais Garnier. Souffrante le soir de la première, la cantatrice était parvenue avec difficulté à la fin de la représentation, éliminant le moindre aigu, victime à plusieurs reprises de vilains accrocs et de nombreux trous venant entacher la ligne vocale. De retour au TCE pour un concert dédié à Rossini, la mezzo américaine s'est une fois encore présentée dans un état vocal alarmant.

Essoufflée, incapable de soutenir un aigu, la voix bougeait dangereusement dès le "Cruda sorte" (Italiana in Algeri), chanté sans aplomb et sans aucun volume. Dans de telles conditions, ni "Pensa alla patria" (troisième air d'Isabella), vocalisé à la diable et dans un débit mal contrôlé, ni le célébrissime "Una voce poco fa" du Barbier de Séville, parsemé de trous intempestifs et banalement orné, n'ont été en mesure de lever l'auditeur de son fauteuil. Entourant l'artiste en péril avec la plus grande attention, Attilio Cremonesi à la tête du Kammerorchesterbasel, ensemble baroque à la texture légère, a profité d'une légère rémission pour accompagner avec vigueur Vivica Genaux dans la Cantate « Giovanna d'Arco ». Malgré le faible engagement de la cantatrice, son recours excessif à des graves poitrinés et à des vocalises boursouflées, émises à toute allure pour mieux masquer leur manque d'éclat, cette œuvre (avec accompagnement de piano à l’origine) joliment orchestrée par Salvatore Sciarrino, était de loin le meilleur moment de la soirée.

Fatiguée par l'effort demandé, Vivica Genaux revenait après une vive ouverture du Signor Bruschino, se briser sur de nouveaux récifs rossiniens, maltraitant la ligne du grand air de Malcom dans La donna del lago, "Mura felici", accélérant la cadence ou la ralentissant, bousculant les ornements, reprenant sa respiration malencontreusement. Au lieu de conclure ce concert avec "Di tanti palpiti" de Tancredi, la chanteuse a préféré se lancer dans le rondo de La Cenerentola (interprété de façon époustouflante par Joyce DiDonato, ici même, le 22 septembre), d'une voix terne et étique, craquant son aigu final dans la consternation générale. Rideau.

François Lesueur

Paris, Théâtre des Champs Elysées, 15 décembre 2010

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Photo : DR

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