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Compte-rendu : Une Tosca de grand style - Puccini au Grand Théâtre de Tours

Pour clore sa saison 2009/2010, Jean-Yves Ossonce, directeur de l’Opéra et chef de l’Orchestre symphonique Région Centre-Tours, a inscrit une partition emblématique au programme du Grand Théâtre. Oeuvre cinématographique avant la lettre, la Tosca se prête aux effets enchaînés et à l’émotivité à fleur de peau ; l’écriture très serrée et fouillée de Puccini exige aussi un dosage très subtil entre plateau et fosse, sans perdre de vue les alliages de timbres et de sonorités parfois impressionnistes qui font du compositeur l’un des meilleurs orchestrateurs de son temps.

A cet égard, la production tourangelle réussit, par sa cohérence, à réaliser cette fusion par la correspondance qui s’établit entre voix et théâtre. La direction efficace, stylistiquement très juste et d’une grande clarté expressive de Jean-Yves Ossonce, suscite la tension dramatique (scène entre Floria Tosca et Scarpia à l’acte II, final de l’acte III) sans oublier de prêter attention à la ligne de chant. La mise en scène classique de Gilles Bouillon (un habitué du Grand Théâtre) rend lisible l’évolution du drame en ménageant des moments psychologiques forts dans un décor qui ne cherche à réinventer ni la chapelle de l’église Sant’Andrea della Valle de Rome, ni le bureau de Scarpia au Palais Farnèse, ni la terrasse du château Saint-Ange. Le suspens fonctionne avec tout le réalisme possible (de la scène de torture de Mario jusqu’à l’assassinat de Scarpia).

Plus attachée aux qualités lyriques qu’à la dimension théâtrale, la soprano germano-espagnole Nicola Beller Carbone, physique du rôle, convainc davantage au fur et à mesure de l’action. Emouvante, elle incarne une Tosca plus intérieure que volcanique. Mario Cavaradossi profite de l’expérience du ténor français Luca Lombardo dont l’absence de subtilité et de vaillance juvénile est compensée par une impressionnante puissance dans le registre aigu. En Scarpia, l’anglo-égyptien Peter Sidhom sans être le baryton italien rêvé, n’en offre pas moins une prestation très caractérisée sur le plan scénique. Les autres protagonistes (le Sacristain d’Olivier Grand, Spoletta de Jean-Louis Meunier, et surtout le Sciarrone de Ronan Nédélec), comme les excellents chœurs de la maîtrise de l’Opéra de Tours, ne déparent pas dans ce spectacle total et fort réussi.

Michel Le Naour

Puccini : Tosca - Tours, Grand Théâtre, 21 avril 2010

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Photo : françois Berthon
 

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