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Compte-rendu - Une rareté signée Beethoven - Kurt Masur et Vadim Repin ouvrent la saison du National


Quoi de neuf ? Beethoven, eh oui ! C’est la surprise réservée par Kurt Masur pour la rentrée de l’Orchestre National aux mélomanes du Théâtre des Champs-Elysées et aux auditeurs de France Musique qui retransmettait l’événement en direct. Je veux parler de l’intégrale de la musique de scène composée en 1810 par le grand Ludwig pour accompagner Egmont, le célèbre drame de Goethe. On a trop dit que le poète courtisan et le musicien libertaire s’entendaient comme chien et chat dans la vie pour ne pas se réjouir qu’on nous restitue l’une de leurs plus belles collaborations.

C’est qu’en effet, si la célèbre Ouverture d’Egmont continue… d’ouvrir d’innombrables programmes de concerts symphoniques de par le monde, la suite de l’œuvre est très rarement donnée, en France du moins. On ne saurait en conséquence trop féliciter Kurt Masur et ses musiciens de s’être attelés à réparer cette injustice. D’autant qu’ils l’ont fait avec un enthousiasme et un professionnalisme qui faisaient chaud au cœur. C’est qu’outre l’ouverture, l’œuvre comporte une demi douzaine d’interludes d’orchestre qui n’ont rien à envier à ce fameux lever de rideau par leur fougue comme par leur variété de ton.

Goethe avait raison quand il reconnaissait que la musique de Beethoven avait épousé son drame. De fait, Beethoven ne pouvait qu’être sensible aux malheurs du héros de la pièce en butte à l’autorité de Philippe II, comme les Viennois de 1810 occupés par… Napoléon ! Tout cela passe au fil des interludes jusqu’à la Symphonie de victoire finale, péroraison cuivrée digne de la conclusion du Fidelio. Auparavant, la superbe soprano allemande Mélanie Diener avait ciselé les deux Lieder de Claire et son compatriote le comédien Ulrich Tukur donné force et vigueur au Mélodrame d’Egmont.

Un événement musical qui a quelque peu estompé la première partie de la soirée occupée par le Concerto pour violon de Brahms confié pourtant à Vadim Repin, l’un des plus fins archets de l’heure. Le colosse russe a paru parfois fatigué avant de livrer un finale endiablé à souhait. L’orchestre semblait livré à lui-même, prudent faute de stimuli suffisants du chef. On a entendu pire…et mieux. Mais la suite a heureusement tout fait oublier !

Jacques Doucelin

Théâtre des Champs-Elysées 24 septembre 2009

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Programme du Théâtre des Champs-Elysées

Photo : DR

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